AFFAIRE ETONDE EKOTO: UN COUPABLE IDEAL POUR UN PROCES ECRAN DE FUMEE

En 2003, Achille Mbembe parlant du pouvoir camerounais déclarait : "Depuis 1982, nous sommes entrés dans une période d’ensauvagement pur et simple. Le Cameroun ne vit et ne jure que plus par le phallus. Si Biya est encore vivant en 2011, il ne voudra pas partir. Or, pour que ce pays puisse s’engager dans un processus de reconstruction et de renaissance, il faut que Monsieur Paul Biya s’en aille" Prémonition ou délire ? On peut dire que les faits tendent à donner raison au philosophe et historien camerounais. Pour preuve, ces dernières semaines ont confirmé que les dérives institutionnelles pouvaient mener à tout.

D'abord, le Colonel Edouard Etonde Ekoto, jugé coupable avant le verdict, est condamné pour un détournement de fonds dans l'affaire du Port Autonome de Douala, et incarcéré à la prison centrale de New-Bell à Douala. Durant toute l'instruction de l'affaire,12 mois de procès, l’accusation n’a jamais fourni la preuve de la culpabilité de l'accusé. On a donc assisté à un procès politique. Aussi, d'un point de vue des droits humains, on précisera que cette prison a été constuite au début des années 1930 pour accueillir au trop 700 pensionnaires, mais qu'elle "ne compte" aujourd'hui que 3.500 pensionnaires ;la plupart étant des prévenus en attente de jugement. A part ça, tout va bien !

Ensuite, bien entendu, il ne faut établir aucun lien avec le verdict de l'opération dite "mains propres" à Douala, celle qui a conduit justement l'ancien délégué de gouvernement en prison, le président Biya, "seulement" au pouvoir depuis 25 ans, se prépare à prolonger son bail à la tête de l'Etat camerounais. C'est le peuple, c'est à dire quelques militants, ministres et directeurs nommés par le président lui-même, qui prennent sur eux de parler au nom des 14 millions de camerounais, qui l'aurait souhaité ainsi. A part ça, tout va bien !
Enfin, le très inquiétant panorama du Cameroun qui s'éffondre ne serait pas complet si l'on ne mentionnait pas certaines menaces qui pèsent sur certains journalistes un peu trop curieux, et qui veulent informer le peuple sur des malversations financières qui ne font toujours pas l'objet d'un procès retentissant. A part ça, tout va bien !

Aujourd'hui, l'ensauvagement du Cameroun n'est plus une vue de l'esprit, c'est ce qui explique que l'on jette l'honneur d'un Edouard Etonde Ekoto à un peuple affamé, manipulé et totalement désinformé, un peu comme si l'on voulait mettre un écran de fumée pour masquer des bidouillages institutionnels. Comme on dit, une hirondelle ne fait pas le printemps, c'est dire s'il ne suffira pas de mettre en avant le verdict de l'affaire du PAD pour tout faire accepter au camerounais. L'exemple Kenyan montre que le mensonge dure un temps. Car "on peut tromper tout le peuple un partie du temps, on peut tromper une partie du peuple tout le temps, mais jamais tout le peuple tout le temps." A méditer !

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