mardi 15 janvier 2008

AFFAIRE ETONDE EKOTO: QUAND LE CAMEROUN VIOLE LA CHARTE DES DROITS DE L'HOMME

Dans le billet "machination politique et médiatico-judiciaire bien huilée", que vous pouviez lire ICI, il était fait état des nombreuses violations des droits de la défense dans le procès du détournement de fonds au PAD. Bien évidemment, le "Cameroun d'en bas", c'est à dire l'homme de la rue, ignorait toujours tout des ingrédients qui ont permis de diaboliser le Colonel Edouard Etonde Ekoto. Entre les documents falsifiés pour crédibiliser les accusations émises par le pouvoir camerounais sur les détournements de fonds au PAD, les articles vengeurs et les titres raccoleurs dans les quotidiens, la mécanique était bien huilée pour faire croire en la culpabilité de l'ancien homme fort de Douala.
Puisqu'il est question de relater les irrégularités ainsi que l'environnement judiciaire du procès "EPERVIER", revenons sur cette information transmise par l'avocat Français du Colonel Edouard Etonde Ekoto, Me Pierre Gonzalez de Gaspard, un ténor du barreau parisien. Dans un communiqué envoyé aux médias le 18 octobre dernier, il relatait sa prochaine plaidoirie, le 13 novembre 2007, dans un très important procès, devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri, statuant en matière criminelle à Douala (Cameroun), procès dans lequel était impliqué son client pour de prétendus délits de détournements, etc ....
Jusque là, Me Gonzalez de Gaspard parlait du respect qu'il fallait avoir à l'égard de la justice des pays africains, en prenant comme exemple le verdict de la justice tchadienne dans le scandale de "l'Arche de Zoé". Ses propos étaient très élogieux sur l'indépendance des magistrats tchadiens: "Avec l’affaire du Tchad, il apparaît que, à juste titre, les Républiques Africaines entendent rappeler qu’elles sont définitivement sorties de la colonisation et de ses séquelles. Elles entendent montrer qu’elles existent par elles-mêmes et qu’elles n’ont besoin d’aucun tuteur. Elles ont par là raison.La compétence, dans tous les sens du mot, de leurs tribunaux est certaine et les accords éventuels avec la France doivent être appliqués dans le plus grand respect de leur totale souveraineté......"
Il n'a pas tardé à découvrir que
la justice camerounaise, elle, n'était pas très souveraine, bien au contraire, elle s'est complètement égarée, non seulement dans son verdict condamnant le colonel Edouard Etonde Ekoto, mais aussi parce que le Cameroun n'a rien trouvé de mieux que de lui refuser le visa d’entrée lui permettant d'intervenir le jour de la plaidorie. Il s’agissait là d’une infraction caractérisée à la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples qui garantit, en son article 7 alinéa 1,c : « le droit à la défense, y compris celui de se faire assister par un défenseur de son choix ».
On apprend qu'il a fallu l'intervention du Quai D'Orsay, en l'occurence celle de Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, pour que le Cameroun délivre un visa permettant à Me Gonzalez de Gaspard de défendre les intérêts de son client. Or, il n'était pas au bout de ses surprises, car une fois arrivé surplace, on ne sait trop pour quelles raisons,
les plaidories ont été suspendues pendant deux semaines. Bizarre, n'est-ce pas ?
Si le verdict du procès du PAD n'était qu'une affaire de "vaste escroquerie", comme on l'a fait comprendre au "Cameroun d'en bas", pourquoi les autorités camerounaises ont-elles violé les conventions internationales ? Le Cameroun avait-il des choses qu'il ne voulait pas voir ébruiter à l'étranger au risque d'être condamné par la communauté internationale ? Il faut croire que oui.

L3E

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