dimanche 30 décembre 2007

AFFAIRE ETONDE EKOTO: LA RIPOSTE SE PREPARE !

L'image “http://www.afritude-portal.net/partners/newsimages/3159etonde.gif” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.
Après l'emprisonnement du Colonel Edouard Etonde Ekoto et devant la jubilation évidente des médias qui n'attendaient que ça depuis plus d'un an, comme si l'avenir du Cameroun en dépendait, l'heure de la riposte a, semble t-il, sonné pour tous ceux qui savent que l'ancien délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala a bien été LA victime d'un procès politique.
D'une part, les avocats du collectif " Edouard Etonde Ekoto" font appel et promettent de tenir un point presse très régulièrement pour donner des informations, et dieu sait s'il en aura. C'est très important quand on sait que les médias camerounais, pour la plupart, ne sont que des colporteurs de ragots et de rumeurs de caniveau. C'est dire si la noble profession qu'est la journalisme est aussi dévaluée que le Franc CFA.
D'autre part, on apprend que des initiatives se préparent en coulisses, que des personnalités de Douala entendent ouvertement apporter leur soutien au désormais "prisonnier politique" qu'est devenu Edouard Etonde Ekoto, injustement condamné à 15 ans de prison ferme pour détournement de fonds au Port autonome de Douala ( PAD). La mobilisation de la capitale économique en faveur de son ancien homme fort est très encourageante, donc très positive, car elle permettra d'apporter une contradiction à la désinformation et calomnies au quotidien que l'on peut lire dans une presse déchaînée, qui relaie sans aucun recul les points de vues et opinions du gouvernement.
Pour le moment, les concertations et réunions se poursuivent pour voir quelles différentes actions seront menées pour protester contre la condamnation de l'homme le plus en vue de la capitale économique. D'après certaines indiscrétions,l'idée d'une marche de protestion dans la ville serait très soutenue, principalement par les femmes. Et signe que l'emprisonnement de Edouard Etonde Ekoto provoque le trouble, celles qui veulent absolument manifester appartiennent au RDPC, le parti du président Paul Biya. D'ici là à ce que les hommes, eux aussi, se joignent à la mobilisation naissante, ce n'est certainement qu'une question de temps. la Ville de Douala va t-elle connaître de nouvelles opérations " villes mortes" comme en 1991 ?

L3E

samedi 29 décembre 2007

SANDRINE ETONDE EKOTO PARLAIT DU " PROCES EPERVIER"

On ne dira jamais assez que le Colonel Edouard Etonde Ekoto a été victime d'un procès politique sous couvert de lutte contre la corruption. Il n'avait pas besooin de faire de la politique, comme le font la plupart des dirigeants Africains, pour s'enrichir. Sa fortune est faite depuis des décennies en tant qu'opérateur économique de renommée internationale. Aujourd'hui, l'ancien délégué du gouvernement est en prison,c'est l'occasion de revenir sur l'interview accordée par sa fille cadette, Sandrine Etonde Ekoto, qui se confiait au site cameroon-info, long entretien dans lequel elle évoquait le "contrat" mis sur la tête de son père. C'était il y a quelques semaines, le 14 mai 2007, l'issue du procès était un secret de polichinelle.

L3E


Nous rencontrons Sandrine Etonde Ekoto, la fille cadette de l’ancien président du conseil d’administration (PCA) du Port Autonome de Douala (PAD) qui fait face, avec 12 autres, à la justice actuellement au Cameroun. Edouard Etonde Ekoto est accusé de coaction de détournements de fonds et d’escroquerie foncière pour près de 2 milliards de francs CFA. Vu la longueur de cet entretien, nous avons jugé bon de le présenter en deux parties.


La famille

« C’est un temps difficile, déplaisant et frustrant. Heureusement qu’on est très unis, c’est ça qui nous garde forts. Et surtout, on a la chance d’avoir la foi, de croire en Dieu. Il donne la paix, Sa paix, même dans les pires tempêtes. Ça fait vraiment la différence ! »


Cameroon-Info.Net: Bonjour, Mlle Ekoto. Votre famille est-elle au courant de cette interview que vous nous accordez au nom de votre père ?

SEE : Bonjour, et merci de me recevoir. Oui, ma famille est au courant et elle est d’accord. Même ma mère qui, protectrice, ne voulait pas au début que je m’expose. Mais au fond, on l’est déjà tous et je trouve important que l’un de nous s’exprime. Appartenir à une famille ça vaut pour les bons comme pour les mauvais jours. Et je n’ai pas honte du nom que je porte parce qu’il est éclaboussé aujourd’hui. Petite précision, je ne parlerai pas ici à la place de mon père. C’est mon propre point de vue.

Cameroon-Info.Net: Vous avez décidé de communiquer dans l’affaire du PAD, dans laquelle est impliqué votre père. N’avez-vous pas des appréhensions à le faire, vu qu’elle n’est pas jugée ?

S. E. E :Pas du tout, je suis même bien contente de pouvoir le faire. Car trop de ‘divers’ circulent et dans bien des esprits (et parfois des écrits) le verdict est évident, l’affaire est déjà classée. Mais sur différents points j’aimerais, comme on dit en anglais, set the record straight. Ca veut dire clarifier les choses, s’assurer que ce qui demeure est vraiment exact. Sans bien-sûr entrer dans les secrets de la preuve pour ne pas nuire au procès.

Cameroon-Info.Net: Pourquoi cette interview et pourquoi avoir choisi CIN?

S. E. E : C’est avant tout pour plaider pour la justice et la vérité (pas pour mon père, croyez-le ou non). Si on n’obtient pas ça à la fin de toute cette effervescence, on sera tous perdants. Je souhaite aussi mettre en lumière des éléments qui n’ont pas forcément fait la Une mais aident à avoir une opinion éclairée. Et je veux susciter des « et si » et des « pourquoi », faire appel au sens critique qui va au-delà des apparences. Quant au choix de CIN, c’est simple : vous êtes un site sérieux que beaucoup consultent.

Cameroon-Info.Net: Comment va Mr Etonde Ekoto (moralement et physiquement) ? Et comment la famille arrive-t-elle à surmonter ces évènements ?

S. E. E :Pour quelqu’un qui est soumis à une telle pression depuis plus d’un an et qui a son âge, il va étonnamment bien. Cela en irrite plus d’un et on le taxe d’arrogance, mais tu ne changes pas un militaire: ils sont formés pour faire face à l’adversité. Nous, c’est autre chose. Alors on a bien hâte d’en finir. C’est un temps difficile, déplaisant et frustrant. Heureusement qu’on est très unis, c’est ça qui nous garde forts. Et surtout, on a la chance d’avoir la foi, de croire en Dieu. Il donne la paix, Sa paix, même dans les pires tempêtes. Ça fait vraiment la différence !


La justice

L’huissier chargé de remettre les convocations intimidé

Cameroon-Info.Net: Dans cette affaire du PAD, on a longtemps patiné sur des questions de forme. Pensez-vous que les droits de Mr Etonde Ekoto soient bafoués?

S. E. E : Oui, et depuis le début. Mais plus qu’un délit de faciès, c’est symptomatique d’un problème plus profond. Raison pour laquelle je réprouve la pensée que les questions de forme sont une ‘perte de temps’ ou une pirouette condamnable pour en gagner. La forme importe autant que le fond. La fin ne justifie pas les moyens ! S’il y a des infractions à la loi et au droit, il faut qu’elles soient dénoncées. Mais trop souvent, malheureusement, ce sont des sans voix qui en pâtissent. Triste mais réaliste, si ce dont on se plaint arrivait disons à un de ces jeunes prisonniers parqués des heures au TGI comme figurants aux premières audiences du PAD, ça ne ferait guère de bruit. Déjà que là, tu comptes les fois où les entorses sont vraiment relevées et commentées !


Cameroon-Info.Net: Pouvez-nous nous donner un exemple de ces entorses, comme vous dites ?

S. E. E :Le plus récent concerne le désaveu de la Cour suprême au TGI rendu public mi-avril : avant de continuer, il devrait d’abord ‘vider sa saisine’. Hors jargon, ça veut dire qu’il n’a pas fait son boulot. Depuis des lustres il a omis de régler des exceptions. Comme l’a noté un journaliste, sa réplique fétiche est « on va… ». Cette fois, en plus de reporter aux calendres grecques, il a carrément passé outre l’autre avis sans équivoque de notre plus haute cour Elle a en effet confirmé la décision du 12 mars de la cour d’appel de rejeter la liste de témoins du ministère public (vice de procédure). Toutefois, le 19 et le 24 avril, le TGI a poursuivi l’audition d’un témoin de cette liste, M. Mbida Amougou. Audace entamée le lendemain même de la décision de la cour d’appel ! On s’en souvient, la défense outrée avait quitté cette audience du 13 mars en signe de protestation. Ce que le tribunal ne semble pas avoir digéré puisque, le 19 avril, il a d’abord interdit le contre-interrogatoire dudit témoin. La défense se serait privée de ce droit et de la possibilité de vérifier les documents inconnus qu’on versait allègrement au dossier le jour où elle était sortie. Ça sentait tant les représailles, c’était si gros, qu’il a plus tard changé d’avis. Tout seul ? Quoiqu’il en soit, des abus comme ça sont légion et doivent être contestés ! Heureusement que le nouveau code pénal le permet davantage. Et en un sens, c’est une ‘chance’ que là, ça arrive à des gens qui peuvent réagir et dont le sort intéresse tout le monde.


Cameroon-Info.Net: Y a-t-il d’autres circonstances où, selon vous, les droits de votre père n’ont pas été respectés ?

S. E. E : Oh, que oui ! En voici. Et on parle bien de droits, pas de caprices !

1. Malgré des demandes répétées dès le début des auditions devant le juge d’instruction en octobre 2006, les avocats n’ont pas eu accès au volumineux dossier d’accusation (300 kg). C’est pourtant la moindre des choses de savoir ce qui t’est reproché ! Dans ces conditions, quelle défense peux-tu présenter? Le procès a commencé en décembre, toujours rien. Fin janvier, juste avant la reprise, on a daigné leur en donner une partie. Et là, fin avril, deux mille autres pages sont apparues. Enfin, disons que la défense a fait le forcing. Parce qu’on entendait même un témoin en se basant sur ces documents qui n’ont jamais été validés par les deux parties !

2. Pire, le dossier en question n’était pas classé ni numéroté ! Très sécuritaire, les feuilles volantes ! Tu peux en glisser ou en retirer sans problème. D’autant plus, quand ces précieux docs sont gardés dans une salle accessible. Laisseriez-vous traîner des affaires confidentielles sur la table de l’entrée chez vous? Non, pour éviter les fraudes ou les fuites. Question de bon sens et de précaution. Dans ce cas-ci, c’est même requis par la loi !

3. Comment peut-on accuser quelqu’un sur la base de photocopies ? Comment ne pas exiger (à l’instruction censée déterminer s’il y a des charges suffisantes) des archives du PAD ou de ministères concernés pour fins de vérifications? Non, on prend des on-dit pour argent comptant et on poursuit. Et la boucle est bouclée quand le magistrat instructeur se retrouve lui-même au TGI en tant que procureur. Même s’il y a des erreurs, comment pourrait-il se désavouer ?

4. Pourquoi ne pas avoir autorisé Etonde à récupérer ses dossiers du PAD à la CUD avant fin janvier? Etait-ce tellement aberrant qu’on a voulu noyer le poisson juste avant la reprise du procès? Vous iriez, vous, à un examen dont votre vie dépendrait sans étudier? Si c’est votre choix, vous l’assumez. Mais si on vous confisque vos livres et vos notes, et que vous ignorez même sur quelle matière porte le test, qu’en penseriez-vous ?

5. Les accusations de l’instruction ne sont pas celles qui se sont retrouvées au procès. Pourquoi les modifier ou en retirer? Après les auditions, elles ont été corrigées (sans crier gare), comme un test non concluant. Tu reçois la convocation au TGI et, surprise, le détournement s’est transformé en coaction de détournement. Faute de poids des charges individuelles ? Ou pour multiplier les chances comme à la loterie ? En tout cas, la conspiration est plus scandaleuse. Ça me fait penser aux fois où, petits, on s’essayait à réciter nos leçons devant nos frères avant de décider si on pouvait affronter les parents. D’habitude, on ne revient pas sur un travail bien fait.

Cameroon-Info.Net: Votre père a contesté la compétence du Tribunal de Grande Instance et a été débouté (en appel et en cassation) en déclarant que la matière concernant la vente d’une parcelle de l’espace portuaire est foncière et n’a rien à voir au Tgi. Pensez-vous que cet épisode peut compromettre la recherche de la vérité ?

S. E. E : Je ne vois pas comment, puisque c’est pour elle qu’on se bat ! On veut qu’elle soit vraiment manifestée. Et elle le sera un jour. La vérité finit toujours par triompher, quoi que les hommes fassent pour la museler, la tordre ou la détruire. Pour ce qui est des appels, le dernier, je l’ai dit, s’est soldé positivement. Ceux que vous mentionnez ont effectivement été déboutés. (Je reviendrai sur le contexte de ces rejets.) Mais je veux dissiper ici la confusion sur le motif de ces recours. (N’étant ni juriste, ni commerciale, pardonnez la simplification). Sur les sommes supposément détournées, la contestation a trait à l’identité même du PAD qui est une société un peu hybride: d’une part l’Etat est son actionnaire unique, de l’autre il est inscrit au registre du commerce comme une entreprise normale que régit l’acte OHADA. Selon la définition adoptée, l’affaire est très différente. Si le PAD est public, il y aurait détournements, les peines sont très lourdes et c’est jugé par une chambre criminelle. S’il est commercial, ça serait des fraudes, leurs punitions sont plus limitées et c’est jugé par une chambre correctionnelle. Ça change tout ! Comme il y a fossé entre crime et délit. Au correctionnel, ce procès serait bien moins sensationnel et mobilisateur. Mais à l’heure actuelle, hou lala, on a pillé le peuple ! L’idéal serait qu’une entité indépendante statue car chaque argumentation s’appuie sur des textes. Vive les subtilités des lois ! Ce qui me choque c’est qu’au lieu d’expliquer cette situation, on a présenté les appels comme un essai de dérobade ou de blocage ! Qui voudrait être jugé par la mauvaise cour ?

Quant à l’histoire du terrain, là aussi il y a matière à contestation. Et pas seulement du TGI. De l’accusation même. Car cette parcelle bien que dans l’espace portuaire a toujours été gérée par la ville ! Aucune direction du PAD n’avait jamais remis ça en cause. Pourquoi celle-ci le fait ET surtout incrimine Etonde en tant qu’individu alors qu’il a agi en représentant de la CUD puisqu’il était Délégué ? Mieux, on l’accuse d’avoir empoché les 300 millions alors que la ville s’en est servie pour construire la nouvelle gare routière de Yassa. Et la parcelle litigieuse n’est pas vendue, elle est louée et reste la propriété de l’Etat. Les textes sont clairs. Comment cette dispute administrative entre deux démembrements de l’Etat (CUD et PAD), comme on en a vu d’autres, est-elle devenue une accusation au criminel? Pour reprendre l’humour du Popoli (qui parlait, lui, du malaise du greffier le 27 février), il y a « magie noire au procès ».


Cameroon-Info.Net: Mais ne pensez-vous pas que les multiples appels de Mr Etonde Ekoto le desservent ? Tant qu’on n’entre pas dans le vif du sujet, il ne peut pas réellement se défendre et la frustration des gens augmente.

S. E. E : En un sens, vous avez raison. Mais c’est aussi un piège subtil dans lequel ni nous, ni les Camerounais, ne devons tomber. Après le 11 septembre, les Américains ont donné plus de pouvoir à l’Etat pour les protéger des Ben Laden et consort. Aujourd’hui, ils se plaignent qu’on empiète sur leurs libertés, ils n’ont plus le contrôle. Si notre pays sacrifie la vraie justice (qui prend du temps, c’est vrai) pour un semblant de justice plus instantané, on va le regretter ! Les Nouvelles du Pays titrait à la Une le 19 mars : « le nouveau code tue le procès ». Et en sous-titres « Face aux errements de la partie civile, Etonde Ekoto et Siyam Siwe se marrent… Le procureur et les magistrats coincés par les vices de procédure…La difficile assimilation du nouveau code va-t-elle sauver les présumés pilleurs… » C’est terrible de penser ça et encore plus de le répandre. Si les choses se faisaient dans les règles de l’art, il n’y aurait pas matière à appel. Preuve en est la décision de la Cour suprême du 9 avril ! Elle aurait balayé ces requêtes du revers de la main si c’était vraiment du dilatoire. En plus elle siégeait en chambre réunie ! Ça signifie que c’était tous les présidents des grandes commissions de la justice, la crème des crèmes de nos magistrats ! Eux qui ne se réunissent que pour des questions de droit pointues ont confirmé les écarts du TGI ! D’ailleurs, par souci d’avancer justement, il y a des détails procéduriers enfreints que la défense n’a pas relevés. On n’en finirait pas ! Et tout le monde est conscient qu’il faut s’ajuster au nouveau code. Mais quand l’abus est volontaire ou vraiment nuisible, tu ne peux pas subir sans rien dire. Peut-être n’auras-tu pas gain de cause, mais il y aura une trace. L’injustice doit être décriée pour que les choses bougent.


Cameroon-Info.Net: Qu’en est-il de la liste des témoins que Mr Etondè Ekoto a transmise au tribunal ? Il a été dit que certains, sinon la plupart n’ont jamais reçu de convocation.

S. E. E :C’est inexact. En fait, la plupart l’ont reçue sans problème. Là où le bât a blessé on va dire c’est pour des grands pontes de la capitale. Le pauvre huissier chargé de cette indélicate besogne aurait été intimidé avant d’avoir pu terminer son parcours (il lui restait à trouver un administrateur du PAD, M. Dayas Mounoume). Convoqué au parquet, il a dû se dessaisir des décharges, c-à-d les copies signées par les destinataires. Il n’avait donc plus les preuves que les concernés ont été informés. La situation a-t-elle été rectifiée ? Ces témoins vont-ils se présenter ? On est là, comme on dit au pays, on va voir.

Cameroon-Info.Net: Pensez-vous que tous ces témoins ont quelque chose à apporter pour la manifestation de la vérité ?

S. E. E :Sinon ils ne seraient pas sur la liste. C’est pièce par pièce, qu’elles soient petites ou grandes, que tu assembles un puzzle. Et à la fin tu as une image claire, l’évidence est sous tes yeux. S’ils ne témoignent pas, ce serait terrible. Pas pour Etonde, pour le pays ! Ça enverrait un très mauvais signal. A contrario, quand tu vois un de Villepin, tout premier ministre de France qu’il était, accepter d’être entendu dans le cadre du scandale Clearstream, ça véhicule que la loi, c’est pour tout le monde. La justice en est valorisée, et le peuple rassuré.

Cameroon-Info.Net: Avez-vous une explication à cette situation ? Mr Etonde Ekoto se sent-il lâché par le régime?

S. E. E : Si vous parlez de ces témoins hauts placés, ça n’a rien à voir. Ils viendraient faire leur devoir de citoyen, pas un geste de solidarité ! Encore moins une faveur. C’est une responsabilité légale, point, PAS de la politique ! Confondre ça, crée des problèmes. Dans cette perspective, il ne peut donc y avoir de déception : il n’y avait pas d’attentes. Elles auraient été infondées et malvenues ! Cependant, je ne prétends pas qu’au vu de tout ce qui se passe, mon père est indifférent. Il y a de l’incompréhension, des questions, c’est humain. Tu te demandes toujours pourquoi, quand les revirements sont soudains. De plus, comme il est de cette génération idéaliste et patriote qui a désiré l’indépendance et rêvé le Cameroun, il est très attristé de n’avoir pu achever sa mission, de n’avoir pas vu Douala relevée et restaurée. Et bien sûr il est blessé des attaques, des calomnies, des humiliations. Personne n’apprécierait une telle situation. Mais comme je l’ai dit au début, nous sommes aussi une famille chrétienne. Donc notre force et notre sécurité ne reposent pas sur des humains, si puissants soient-ils. Jésus l’a rappelé à Pilate. Notre confiance est en DIEU !


Cameroon-Info.Net: En dehors du fait que de l’étranger vous suivez évidemment cette affaire de près, vous étiez récemment au Cameroun. Y a-t-il des faits non conformes ou du moins suspects dont vous avez vous-même été témoin ?

S. E. E : A part les dégammages des médias, ce qui m’a le plus frappée, c’est toute l’intensité et la précipitation qui entourait l’affaire. Maintenant le tribunal déclare à qui veut l’entendre et montre qu’il n’a que faire des juridictions supérieures. A l’époque où j’y étais (décembre-janvier), ce n’était pas si évident. Et on se surprenait naïvement des étrangetés qui se produisaient, des largesses dont mon père ou l’affaire bénéficiaient. Après les auditions d’octobre, il y a eu des semaines d’inaction visible (on corrigeait la copie ? on renflouait le dossier ?). Puis boum, le 18 décembre l’ordonnance de renvoi au TGI est signifiée. Les charges sont suffisantes contre Siyam, Etonde et onze autres, mais pas contre les administrateurs. Dans la foulée, le début du procès est fixé à la semaine suivante. Quelle surprise ! Le lendemain de Noël ? Chez nous où on aime tant fêter ? Qu’est-ce qui pressait ? Peut-être, comme l’ont dit plusieurs observateurs du barreau, parce que le nouveau code pénal (qui offre on le voit plus de recours aux accusés) entrait en vigueur le 1er janvier. Coup de théâtre, l’audience du 26 avorte : les conseils d’Etonde ont fait appel. La contre-attaque n’a pas tardé. Dès le lendemain, convocation de la cour d’appel. Pour quand ? Le surlendemain, le jeudi 28. Quelle célérité renversante ! Dire qu’en temps normal les affaires peuvent prendre des semaines, des mois, à être enrôlées. Mais là, traitement de faveur. Le pire c’est que ça pipait les dés d’office. La décision rendue ne pouvait matériellement être adéquate. Comment la cour aurait-elle pu s’imprégner suffisamment du complexe dossier de 300 kg, je ne dis pas le maîtriser, en moins de 24h ? Par-dessus le marché, la défense n’avait pas en main les pièces de ce dossier. J’en ai parlé plus tôt. Comment se préparer dans ces conditions ? Heureusement qu’un autre administrateur du PAD avait gracieusement prêté les documents !


Cameroon-Info.Net: La défense a-t-elle mentionné tout cela ? Que s’est-il passé ? Dans le grand public, on a peu entendu parler de cette affaire entre le 26 décembre et la reprise du procès en février.

S. E. E : Et pourtant il s’en passait des choses. Un article dans Le Messager (7 février) a bien raconté ce ‘marathon judiciaire’. On se serait cru dans 24h Chrono, la série si populaire au pays en ce moment. Pour vous répondre, oui, la défense a fait état des courts délais et des difficultés de préparation. Imaginez, depuis le début, on ne leur avait donné accès au dossier qu’une seule fois, à peine quelques heures, dans une salle exiguë où ils devaient se tenir debout et où les 300 kg de feuilles volantes étaient empilées sur une petite table sans espace pour prendre des notes. Wow ! Les avocats de mon père, puisque c’était lui qui avait appel, ont dû plaider pendant quatre heures le 28 pour obtenir un renvoi. Et s’il vous plaît, il était de moins d’une journée ! Urgence, il n’y avait pas ? Après une nuit blanche, ils étaient donc de retour le lendemain, dernier jour ouvrable de l’année. La cour a rejeté l’appel en après-midi. Et quel dommage, les bureaux du greffe étaient déjà fermés ! Impossible de déposer un pourvoi en cassation. Attendre à mardi, il n’aurait pas été accepté, car hors délai. Les avocats ont foncé à la poste mais ses caisses étaient déjà fermées. Je ne dis pas que c’était un coup monté, soyons sérieux. Mais vu l’heure et le jour, en plus en période de Fêtes et au pays, c’était évident que les portes seraient closes. Un avocat a réussi à envoyer son pourvoi par courrier express. Par la suite, la Cour suprême elle-même a fait preuve d’une rare diligence puisqu’en moins d’un mois (alors que des affaires y sont depuis des années) elle a rendu sa décision. Comme quoi, les procédures peuvent parfois aller vite chez nous ! (Si vite qu’on oublie de faire signer le rejet de la cour d’appel par les magistrats en question avant de l’envoyer à l’accusé !)


Cameroon-Info.Net: Est-ce à dire que vous mettez en cause les cours supérieures ? C’est grave. Et ne pensez-vous pas qu’on peut s’interroger sur votre objectivité ? Vous avez applaudi la décision qui était favorable à votre père !

S. E. E : Ça peut effectivement avoir l’air biaisé alors je vais clarifier. Je n’accuse pas les cours supérieures. Elles ont des fonctions spécifiques et statuent sur ce qui leur est présenté. Elles ne refont pas le travail du magistrat instructeur ni du tribunal. Au foot, tu ne vois pas l’arbitre commencer à dribbler et à tirer au but, il n’est pas là pour ça. Mais sa responsabilité c’est d’être en forme et préparé pour le match. Ce qui n’était pas le cas, à mon avis, pour la cour d’appel du Littoral en décembre. Elle n’a pas pu maîtriser ce dossier en 24 heures ! C’est un constat, je ne la juge pas. Elle a fait du mieux qu’elle a pu, compte tenu des circonstances. Et ça ne sert à rien de se demander si son verdict aurait été différent autrement : tu joues la partie avec les cartes que tu as. Pour ce qui est de la Cour suprême, je n’aurais aucune raison de la montrer du doigt (si c’était mon intention), parce qu’elle ne juge PAS les affaires ! Elle se penche sur le droit, la conformité à la loi. Elle condamne ou confirme non les faits mais la procédure ! En janvier, comme en avril, elle a statué sur la forme. Dans l’un et l’autre cas, elle s’est prononcée par rapport aux textes, pas sur la véracité du contenu et a retourné l’affaire au tribunal pour les démonstrations. D’où la nécessité que le droit règne au TGI. Mais quand tu lis ce qui suit, là il y a lieu de questionner l’objectivité. « Nous avons demandé la liberté provisoire – rejetée par le Tribunal de Douala, nous demandant ce qui nous gêne de rester en prison étant donné que notre condamnation sera à vie ? ». C’est ce qu’ont écrit les accusés du PAD en prison à New Bell depuis plus d’un an, dans un trac annonçant une grève de la faim. Vous imaginez ? Si le tribunal est à charge, où va-t-on ? (Question rhétorique.) Le Messager, Mutations et La Nouvelle Expression ont rapporté ce propos choquant du tribunal. C’est déjà bien, mais ça n’occupait que quelques lignes dans leur résumé sur l’audience du 6 mars ! Ailleurs, ça aurait provoqué un tollé général !


Cameroon-Info.Net: Est-ce que dans la situation actuelle, tout ce que vous avez raconté vous fait penser qu’on en veut à Mr Etonde Ekoto ? Si oui, qui et pourquoi ?

S. E. E : Jeune Afrique s’est posé la question en octobre dans un article intitulé "Qui veut la peau du shérif ?" Et Le Messager avait un bon article le 11 mars sur Le syndrome de Saturne. Au risque d’avoir l’air de jouer la victime ou d’être parano, je vais répondre OUI. Il y a une volonté derrière tout ce qui s’enchaîne et qui perdure. C’est indéniable. A moins de faire preuve de mauvaise foi ou de ne pas avoir tous les éléments en main. Mais je ne pense pas qu’on puisse isoler une seule personne ou cause. C’est un ensemble de facteurs qui ont mené à tout ça. Certains sont relatifs à qui il est. De tout temps les gens qui semblent gâtés par la vie ont suscité jalousies et critiques. Ajoute à cela près de 70 ans de vécu dans l’armée, les affaires et récemment la ville et la politique, et tu auras incontestablement une kyrielle d’opposants. Il faut aussi reconnaître que sa forte personnalité, son impatience d’homme d’action et son franc-parler notoire (qui polarisent les opinions) y ont sûrement contribué. Au-delà de cela, je pense que les facteurs déterminants ont trait au contexte général du pays : la frustration légitime des populations face à la corruption, les échéances électorales, les pressions internationales... Le Messager avait un bon article le 11 mars. Bref, que ce soit personnel ou juste le business comme dirait le Parrain, sa tête est mise à prix. Comme dans les vieux westerns. Et la presse est devenue, de gré ou de force, le pistolet à six coups pour abattre celui qui était, rappelle-t-elle à profusion, ‘l’homme fort de Douala’.

ITW Sandrine E.E ( 1ère partie)



La presse

« La couverture médiatique est biaisée. Un, parce qu’elle ne présente pas tous les faits pour qu’on se fasse une bonne idée de la réalité. Deux, parce qu’elle focalise l’attention et la vindicte sur Etonde Ekoto. A tel point qu’on a l’impression que c’est lui le principal inculpé ! »



Cameroon-Info.Net: Si je comprends bien, vous n’appréciez pas le traitement que les médias font de cette affaire. Vous trouvez qu’ils sont contre votre père ?

Sandrine Etonde Ekoto : Parfois oui, je vous en donnerai des exemples. Mais ce n’est pas ça qui me dérange. Ils ont le droit d’avoir leur opinion. Mais qu’ils la présentent comme telle, pas comme des faits ! C’est irresponsable vis-à-vis de la vérité et de leur public. Avec le droit de s’exprimer et le rayonnement qu’ils ont, viennent des devoirs et standards, une éthique. Je sais de quoi je parle, je suis moi-même du milieu. Des tas de choses qu’on se permet chez nous n’iraient jamais sous presse ou donneraient lieu à d’incessants procès pour diffamation ailleurs. Comprenez-moi bien, je ne dénigre pas toute la profession, seulement certains de ses praticiens. Notre pays compte de bons journalistes, de vrais professionnels. Mais comme partout, il y a aussi des dilettantes, des maladroits, des paresseux. Plusieurs sont sensationnalistes, crédules ou dans le besoin. D’autres ignorants, négligents ou peureux. Une infime portion est aussi vénale, partisane et malveillante. Tout ce mix écrit, fait des reportages, communique. Pas toujours tout. Pas toujours bien. Et dans une affaire qui soulève autant les passions que celle du PAD, ou tous ces « procès Epervier », c’est dangereux. On conditionne l’opinion, on joue sur les émotions, sans pour autant informer, sans faire avancer les choses.

Cameroon-Info.Net: A leur décharge, ils travaillent sous une grande pression. Les Camerounais ont soif de savoir comment sont dirigés les établissements publics de leur pays.

S. E. E. : Ils ont raison ! Non seulement de vouloir savoir mais aussi de désirer des sanctions, après des années d’apparente impunité. Mais il faut éviter le mirage du désespoir. Si on te propose à boire dans le désert, tu ne seras pas très regardant, on s’entend. Eh bien, les médias n’offrent pas toujours de l’eau de source ! On a tous vu Erin Brokovich avec Julia Roberts qui luttait pour des familles victimes de l’eau polluée par une multinationale. On doit être critique, rejeter la superficialité et le kongossa et exiger plus de qualité et de substance. Sinon les conséquences sont désastreuses. Aujourd’hui, les Américains perdent des soldats sans fin et des civils meurent par centaines en Irak à cause du lavage de cerveau sur les armes de destruction massive de Saddam. Les rares sceptiques avant l’invasion étaient taxés d’antipatriotisme et réduits au silence. C’est un peu le reflet de notre état. Dès que tu questionnes ce qui se passe au tribunal ou la couverture médiatique, tu es indexé, rabroué… L’épidémie des détournements est réelle et on désespère que ça change. Des exécutions sommaires dans le sassayé sur la place publique vont-elles résoudre le problème ? L’empire romain a dominé des peuples entiers en les divertissant. Les spectacles électrisants dans l’arène leur faisait oublier leur misère et calmait les soubresauts de protestations. C’est tout un défi auquel les Camerounais font face, mais ils doivent faire comprendre à l’appareil judiciaire, aux politiques et aux médias qu’ils n’avaleront pas n’importe quoi pour étancher leur soif, ô combien justifiée de vérité et de justice.

Cameroon-Info.Net: D’après vous, c’est ce qui se passe dans le cas de votre père ? Le monde des médias ne s’est tout de même pas réuni pour s’acharner contre Mr Etonde Ekoto.

S. E. E. : Je ne dis pas qu’ils se sont concertés, ce serait ridicule de penser cela. Mais depuis plus d’un an il y a un véritable matraquage autour de mon père dans cette « saga Epervier ». Faites une revue de presse des derniers mois et je vous défie de me contredire. Apparemment, son nom et sa photo sont vendeurs ! Ex : on parle des menaces de grève de la faim des accusés du PAD incarcérés à New Bell, c’est sa photo qu’on met. Comme dans les pubs quand, pour te vendre n’importe quoi, ils mettent une fille sexy ou un beau gars. Sauf que là c’est très dommageable, ça crée un vif antagonisme. Si j’avais été exposée à tout ce battage pendant si longtemps et SANS le connaître, moi aussi je croirais qu’il est le pire des hommes et je voudrais sa peau ! Le négatif est amplifié, le positif est passé sous silence ou mentionné à la va-vite. Comme la récente décision de la Cour suprême. Il n’y a que Le Front qui en a vraiment parlé. Mais les appels déboutés, ça, ça a fait les manchettes. Voici d’autres illustrations de ce phénomène.

1. Saviez-vous que c’est lui-même qui a demandé la levée de son immunité parlementaire, écrivant même au chef de l’Etat ? Non, car cette mise à la disposition de la justice a été présentée comme un désaveu de ses pairs, du régime. Personne n’a évoqué non plus la bonne foi dont il a fait preuve en écourtant son voyage à l’étranger pour rentrer quand il a été remplacé à la CUD.

2. Saviez-vous que c’est lui qui a prié Me Nico Hale de se déconstituer en octobre ? Non, car ledit avocat a clamé qu’il s’était désisté. Mieux, « …sa probité, son intégrité morale et sa crédibilité ne le destinent pas à plaider une affaire lorsque sa conscience n’est pas tranquille. » a rapporté Mutations (19 octobre). The Herald, Le Messager, la revue de presse de la CRTV, etc. y ont fait écho, sans interroger l’autre concerné. La vérité est que Me Hale a été remercié parce qu’on a découvert qu’il était en conflit d’intérêts : il défendait le PAD dans des affaires connexes !

3. Saviez-vous à quel point c’est insensé que les autres administrateurs n’aient pas été accusés de choses qu’on lui reproche alors qu’ils prenaient les décisions ensemble ? Non, car on s’est peu étendu sur le sujet, comme Mutations (20 décembre) : « Pour leur part, et curiosité tout de même, tous les anciens administrateurs ont bénéficié (sic) d’un non lieu. » Et voilà.
4. Saviez-vous que les indemnités dans d’autres entreprises publiques (SNH, SCDP, SONARA…) sont de loin supérieures à celles du PAD du temps d’Etonde ? Non, car les vraies analyses manquent. On ne vous dit pas non plus que la nouvelle direction du port (qui poursuit les accusés !) a fait passer les indemnités de session de 400 à 700 mille FCFA par administrateur !

5. Saviez-vous que la cour d’appel a essayé le 7 mars de faire une audience dans le dos de la défense ? Seul un des avocats était présent et, chapeau, il a protesté. Le bruit a aussi couru et les autres ont été alertés. Finalement tout s’est passé en bonne et due forme le lendemain. De ce que j’ai vu, seule La Nouvelle Expression (8 mars) a pris la peine de vraiment rapporter (brièvement) le détail révélateur : «…audience visiblement improvisée. Car sur les rôles du jour, on constate que cette affaire du Pad est mentionnée au 29e et dernier rang… et elle est écrite à la main et à l’encre violette, alors que les 28 premières affaires sont saisies et imprimées. » Tiens donc !

Bref, la couverture médiatique est biaisée. Un, parce qu’elle ne présente pas tous les faits pour qu’on se fasse une bonne idée de la réalité. Deux, parce qu’elle focalise l’attention et la vindicte sur Etonde Ekoto. A tel point qu’on a l’impression que c’est lui le principal inculpé !

Cameroon-Info.Net: Ne pensez-vous pas que cette présentation de l’affaire est due à la notoriété incontestée de Mr Etonde Ekoto ?

S. E. E. :C’est vrai que ça pèse dans la balance et par rapport aux autres accusés, je comprends. Mais avec M. Siyam Siwé, cette justification tient moins la route. Il n’est pas le premier venu et a occupé des postes plus importants dans l’appareil de l’Etat. En plus, c’est lui qui gérait le PAD sur une base quotidienne. Et il est accusé d’avoir détourné 18 fois plus que mon père ! Pourtant on dirait que les rôles sont inversés. Attention, je n’essaie pas d’enfoncer l’ex-DG, j’attire l’attention sur le matraquage nocif en cours. Pour tout et rien. Ex : ne vient-il pas aux audiences dans ‘sa grosse cylindrée’, vêtu comme ci, chaussé comme ça ? Plus que tout, c’est malhonnête intellectuellement. Il est comme ça depuis plus de 20 ans ! Ses biens ne proviennent pas de ces dernières années au port ou à la ville. C’est le résultat de 40 ans de labeur de lui et de ma mère ! Mais on présente ça comme les évidences de ses détournements. On dénigre la moindre de ses attitudes. Il sourit, on dit qu’il nargue. Il est calme : il ‘s’en fout’. Il sort en public : il ‘parade’. Il reste chez lui : il ‘se terre et jouit, loin des regards, de son pillage’. Il ne se couche pas à terre comme un chien mort, il est accusé de défier la justice ou d’être imbu de sa personne. Cet horrible portrait sans cesse martelé fait de lui le méchant dans le film. Et tout ce que tu veux, naturellement, c’est qu’il se fasse fracasser. Vite et bien.

Cameroon-Info.Net: Pouvez-vous être plus précise. Quels sont les titres que vous condamnez ? Quels sont les points dans leurs analyses que vous trouvez intolérables ? Y en a-t-il quelques-uns qui trouvent grâce à vos yeux dans le traitement de cette affaire ?

S. E. E. : Bien sûr et heureusement. Tous ceux qui font leur travail, je ne parle pas d’être "pro-Etonde" mais professionnels, je n’ai rien à redire. S’ils rapportent les faits avec soin, présentent objectivement les différents points de vue et ne mélangent pas rumeurs, opinions et reportages, c’est bon. La plupart du temps, Le Messager, La Nouvelle Expression et Mutations se débrouillent bien, même s’ils sont durs parfois. Le Front aussi. Mais il y en a d’autres…La présomption d’innocence, la rigueur, l’éthique, ne sont guère au rendez-vous. Jugez vous-mêmes.

1. La Détente Libre (02-10): « … son limogeage vivement souhaité… un long voyage vers Kondengui… Siyam avec qui il a pillé le PAD… Enfin l’heure des comptes a sonné… Les chemins du pillage de ces deux individus se sont trop souvent croisés pour le malheur de la fortune publique… avec certainement la complicité du colonel… se sont aussi largement sucrés avec… pour pouvoir piller en rond ils se sont acoquinés… »

2. Dikalo (29-12): « …Siyam et Etonde, deux poids, deux mesures… défi pour la justice… I'un transporté dans un véhicule de marque Mercedes, tandis que l'autre dans une pic-up 4x4 entouré de gendarmes armés jusqu'aux dents… son éviction et la levée de son immunité a semblé dire que l’heure de l’impunité était derrière nous… s’achemine-t-on vers une véritable mascarade ? »

3. Les Nouvelles du Pays (22-01) : «… Siyam, Etonde et leurs acolytes vivaient dans une nébuleuse… tour de verre. De là vient sûrement leur chute… en attendant… les prédateurs du Pad peuvent plastronner, comme cela s'est vu le 26 décembre dernier, parce que bénéficiant encore de la présomption d'innocence. »

4. Le Supplément (02-02): « Etonde E. sollicite l’arbitrage de Biya… Des sources (sic) bien introduites, l’on apprend que l’ex-délégué du gouvernement de Douala, a récemment adressé une lettre au chef de l’Etat, afin qu’il use de son pouvoir, pour le sauver d’une condamnation imminente… c’est le chef suprême de la magistrature qui veut qu’il comparaisse libre, contrairement à Siyam Siwé qui, lui, ne peut bénéficier du même avantage parce qu’il n’est pas le camarade de classe de Paul Biya’ »

5. La Nouvelle Presse (19-02): « L’étau se resserre... sur Siyam... et son réseau où figure en bonne place Etonde Ekoto… prédateurs en chef (sous des photos de Siyam et Etonde)… Quand un ingénieur polytechnicien et un militaire de haut rang, formé à la prestigieuse académie de Saint Cyr, mettent leur intelligence ensemble pour piller le patrimoine d'un des symboles de l'Etat… ne sont pas allés du dos de la cuillère pour puiser allègrement dans les caisses du PAD… »

6. Popoli (14-03): « Cet arrêt n’est pas sans incident (sic) sur la suite de l’affaire, lorsqu’on sait que de grosses légumes basées à Yaoundé à l’instar de Amadou Ali, les généraux Asso Emane et nkoa Atenga avaient été cités comme témoins par l’accusation et devaient pour cela se présenter au tribunal. Et si l’arrêt de la cour d’appel ne subit aucune modification, ces « njimtêtés » dont les vomissures auraient pu éclairer l’affaire pourraient désormais suivre la suite de l’affaire, engouffrés dans leurs salons huppés de Yaoundé. »

Vous vous rendez compte ? Ce ton, ce vocabulaire et cette condamnation extra judiciaire n’ont pas leur place. Mais en plus c’est truffé de faussetés ! Et pas seulement à l’endroit de mon père !

Cameroon-Info.Net: Désirez-vous apporter des correctifs sur des points qui seraient, selon vous, erronés ?

S. E. E. : D’accord, mais je ne vais même pas réagir aux « affirmations » de pillage. Elles sont tristement courantes. Mais il y a une erreur grossière et inadmissible et un mensonge éhonté et mesquin que je dois pointer. L’erreur, c’est dans Popoli sur les généraux Nkoa et Asso. Ils ont été cités à comparaître par la DÉFENSE (Etonde), pas l’accusation ! Et surtout, présenté comme ça, (j’omets l’insulte ‘vomissures’) ils semblent incriminés dans l’affaire. Or, s’ils sont sur la liste de mon père c’est comme témoins de MORALITÉ parce qu’ils le connaissent depuis des années ! Mais en une phrase on a sali leur réputation et créé la suspicion. C’est inacceptable ! Le plus sordide, c’est que ces lignes ont attisé la rancœur et la frustration du peuple. Encore des gros bonnets qui s’en sortent, ont-ils dû conclure. Alors que c’est complètement faux. MM. Asso et Nkoa ne sont en rien mêlés à l’affaire du PAD !

Quant au mensonge, qui est vicieux, c’est l’article entier de « Le Supplément ». Sous couvert de ‘on’ et de ‘sources’ (ce qui ailleurs décrédibilise), l’attaque est d’une telle force et si cruelle que je n’en reviens pas. Je veux dire ici aux Camerounais qu’on les a effrontément trompés. Mon père n’a JAMAIS demandé au Président de le soustraire à la justice ! Il a trop d’honneur et trop de respect pour son pays pour s’abaisser à ça. On a tenté d’exacerber votre colère, ne tombez pas dans le panneau. C’est également sournois d’essayer de monter M. Siyam contre lui par l’attribution de propos ridicules. J’ai lu ce que mon père a vraiment écrit au Chef de l’Etat et il n’a demandé de faveurs ! Ce qu’il a souhaité c’est une justice réellement impartiale et non une immolation bâclée sur l’autel de quelques intérêts obscurs et inavouables ! La méchanceté et la fausseté de cet auteur n’ont d’égal que la négligence et l’aval coupable de ses supérieurs. Quand bien même ils auraient été victimes de ces fameuses ‘sources’. C’est leur responsabilité de vérifier, de rapporter LA vérité. C’est loin d’être le cas et en plus leurs attaques sur mon père sont vraiment personnelles.

Cameroon-Info.Net: Que voulez-vous dire par là ?

S. E. E. : Que c’est l’homme lui-même qui est visé, sa réputation. Tu peux commettre un crime sans être un criminel. Mais le portrait qui est fait d’Etonde est qu’il est intrinsèquement mauvais. Conséquence, partout où il va, tout ce qu’il fait est condamnable. Exemples.

1. L’an dernier, on a scandé son éviction de la SIC et déblatéré sur sa voracité de cumulateur de fonctions. Mutations (25-01) : « Etonde Ekoto n'a pas apprécié son limogeage… est là, visiblement énervé. Il va et vient, tourne sur place. ‘Qu'est ce qu'il y a avec toutes ces cérémonies ? Est ce que quand on me nommait il y avait eu tout ça ?... n'a pas changé d'attitude… toujours aussi nerveux et n'a de cesse de s'agiter sur son siège. Ne pouvant plus supporter "cette cérémonie"… sort en toute vitesse de la salle tout en maugréant... »

2. On se ‘lâche’ aussi depuis janvier sur la CUD et on fait la pub d’un doublé (Les Nouvelles du Pays, 29-01) : « Vers une double condamnation… En dépit de l’agitation du conseil juridique d’Etonde… Ce n’est pas faute d’avoir essayé de ralentir la procédure… une étiquette qui lui colle si bien à la peau : celle de prévaricateur attitré des finances publiques… les enquêtes en cours (…) viendront, une fois de plus, révéler sa collusion… la levée de son immunité présageait déjà de son inculpation à venir, et à terme, de sa condamnation assortie d’une mise aux arrêts… une porte de sortie (…) un aveu de culpabilité… un engagement à restituer les fonds distraits. Mais connaissant l’orgueil du mis en cause, de telles éventualités sont certainement à battre d’un revers de la main, sauf pour lui de se faire littéralement hara-kiri. »

3. En fait, on le rend coupable de tout. Après un incendie mineur à la CUD, Aurore Plus a titré (23-01) : « Manœuvres de sabotage ou incident malheureux ? », avec une photo d’Etonde (jubilatoire) et de M. Ntone (sombre) dont la légende était « Le torchon brûle-t-il entre les deux ? ». Et tu lis « Aurait-il dès lors commis quelque comparse à la basse manœuvre visant l’extinction de preuves accablantes ?... Se sachant dos au mur (…) il ne pouvait que penser une telle issue… Ntone a plus qu’intérêt à se méfier des réseaux d’Etonde Ekoto qui sont tapis dans l’ombre et n’attendent qu’une seule erreur pour frapper… des loups qui sont restés dans la garderie (sic). Si cet incendie se présente comme leur premier forfait, qu’en sera-t-il des prochains jours… »

J’arrête ? Vous en avez assez ? Et nous donc ! Imaginez ça à longueur de semaines depuis plus d’un an ! Est-ce qu’ils réalisent la portée de leurs mots et leurs conséquences ? Ils ont inoculé la haine au cœur des gens ! C’est complètement IRRESPONSABLE ! Aujourd’hui c’est juste une personne qui est diabolisée. Si demain ça devient un groupe, une ethnie, qu’est-ce qui va arriver, vous croyez ? Les médias ont trop de pouvoir pour se permettre d’en user inconsidérément. Et nous on ne peut plus se permettre de les laisser en abuser impunément !

Cameroon-Info.Net: Cela veut-il dire que Mr Etonde Ekoto compte les traîner en justice pour diffamation ?

S. E. E. : À sa place, j’en aurais déjà poursuivis plus d’un ! Mais pour l’instant, il a sa dose de procès, on va dire. Et à la base, ce n’est pas quelqu’un qui aime les histoires, les confrontations inutiles. Les hommes de guerre connaissent la valeur de la paix. Alors ce qu’il fait en premier, quand il y a une erreur importante, c’est qu’il use de son droit de réponse. Il l’a fait par exemple, longuement et preuves à l’appui, dans l’article Ma part de vérité (Le Jeune Enquêteur, 20 mars), par rapport à CUD finances et au présumé scandale de l’emprunt obligataire (s’il est si mauvais, pourquoi fait-il des émules ailleurs en Afrique ? Notre gouvernement aussi veut l’imiter).

Si la publication a assez de hauteur pour reconnaître sa faute et mettre le correctif en bonne place, ça s’arrête là. Ex : Jeune Afrique qui s’était trompé aussi sur son limogeage de la SIC. Ils ont publié sa réplique et confirmé qu’effectivement, il ne pouvait avoir été saqué puisque jamais nommé : il a juste assuré l’intérim à la mort de M. Kwayeb parce que le Délégué est d’office premier vice-président de la structure ! Au local, Le Front qui avait commis la même erreur que Popoli sur les généraux témoins l’a corrigée. Parfois ça se passe moins bien : La Nouvelle Presse a publié sa réponse sur le « réseau de pilleurs » mais l’a accompagnée de propos désobligeants. C’est désolant. Dans des cas comme ça tu te dis que OUI, la meilleure solution serait un procès. Mais quand c’est trop bas, ça ne vaut même pas la peine de relever. Tu espères qu’ils seront ignorés ou que le public aura le discernement de ne leur accorder aucun crédit.

Mais franchement, il faut que les choses changent, c’est trop grave ! Aujourd’hui les médias peuvent dire n’importe quoi, n’importe quand, n’importe comment. Ce n’est pas cela la liberté d’expression. Il y a des responsabilités ! Mais si l’éthique fait défaut, on gagnerait à avoir des lois sur la communication plus sévères. Ça mettrait les charlatans sur la paille et ça assainirait le milieu. Et ça donnerait plus de place aux vrais professionnels pour nous informer, nous faire réfléchir, débattre des sujets en profondeur, refuser de façon constructive le statu quo et faire avancer le pays. Pour cela, il faut que nous, le public, on les pousse. Si ça doit passer par une horde de procès, soit. Il faut leur mettre la pression.

Cameroon-Info.Net: Ne pensez-vous pas que c’est peut-être une trop grande pression justement qui occasionnerait certains manquements ou erreurs ? Leur travail n’est pas de tout repos dans le traitement de ces affaires de corruption.

S. E. E. : C’est très vrai, ils ont de lourdes responsabilités sur les épaules et ça ne doit pas être facile. Ça vient s’ajouter aux fardeaux quotidiens d’être productif, de rester compétitif, plus les soucis personnels. Mais même si les attentes sont grandes, parfois démesurées, ça ne peut être excusé pour baisser ses standards, ignorer l’éthique ou se prostituer. Par ailleurs, c’est lâche de se cacher derrière « ce que veut le peuple » pour faire un travail approximatif, colporter des rumeurs ou travestir la réalité. Les médias sont là pour éclairer l’opinion pas pour l’enduire d’erreur. Dans le cas d’Edouard Etonde Ekoto, ils ont failli à leur mission. Pas tous, pas tout le temps, mais dans l’ensemble. Ils ont créé un monstre, un ennemi public déjà coupable et ont contaminé la population avec leurs avis infondés. A présent, le feu qu’ils ont allumé, ils ne le contrôlent plus. Les gens sont amers, à cran, Etonde est devenu le catalyseur de leur ressentiment vis-à-vis de tout ce qui ne fonctionne pas. C’est devenu si passionnel que l’éventualité qu’il ne soit qu’un bouc émissaire ne fait sourciller personne. S’il l’est, tant pis. Trop ont échappé. Ils sont formatés, conditionnés, pour sa condamnation. Une autre fin serait perçue comme une trahison, une fraude. Encore heureux que ce ne soit pas un procès devant un jury. Où aurais-tu trouvé des jurés sans impartiaux ? C’est dramatique d’en être là ! Mais comment les blâmer ? Même si leur colère, leur haine parfois, fait très mal (comme lorsque, incognito dans la foule, je les écoutais à la première audience), je ne peux leur en vouloir. Ils sont mal renseignés (désinformés ?). Mais il n’est pas trop tard pour bien faire. Ça va nécessiter du courage et des risques proportionnels aux pressions, mais c’est possible. Et nos médias se doivent, nous doivent, plus que jamais d’être la boussole, la voix de la raison. Pour ce faire, ils ne doivent céder à AUCUNE pression ni sollicitation. Tout comme les magistrats. C’est leur indépendance qui garantit la manifestation de la vérité !

Les responsabilités

« Le PCA ne gère pas la structure et le consulter n’est pas requis pour chaque décision. Il ne négociait pas les contrats, n’attribuait pas les marchés, ne touchait pas aux finances, etc. Si cela avait été son rôle, il n’aurait jamais pu le concilier avec la CUD où il passait tout son temps. »

Cameroon-Info.Net: L’opération Epervier était déclenchée depuis 6 mois, au moment où Mr Etonde Ekoto a été remplacé à la tête de la Communauté Urbaine de Douala. A-t-il eu alors des inquiétudes sur son sort après son éviction ?

S. E. E. :Est-ce qu’il avait peur, vous voulez dire ? Non, pas du tout. Il voulait bien sûr savoir ce qui allait se passer, quand, comment. Dans sa logique d’homme d’action, il était soulagé et pressé de pouvoir enfin se défendre. Raison pour laquelle je l’ai dit, il avait demandé la levée de son immunité et est rentré dare dare de voyage en septembre. Il voulait que les choses se règlent vite pour pouvoir entamer tranquillement sa retraite. D’aucuns pensent qu’il était abattu et frustré de son éviction, ce n’est pas le cas. Fatigué physiquement et mentalement, il aspirait au repos et avait déjà décidé de demander à être remplacé à la CUD cette année (2007). Tout comme il avait en 2002, dès qu'il est devenu député, exprimé son désir de quitter le PAD. Il ne lui serait resté que son poste de député dont le mandat s’achève cet été. Tous ces cumuls, nous on le voyait, c’était loin d’être le paradis : il était submergé, désabusé aussi. Et puis je pense qu’il en avait assez des réunions, de la paperasse. C’est un homme de terrain pas de bureau. Bref, il se disait qu’à presque 70 ans, le temps était venu de s’arrêter et de passer le flambeau. Donc il a bien accueilli son remplacement. L’agitation, les excès, dans lesquels ça s’est fait, par contre, l’ont déçu. Entre autres le fait qu’il n’ait pas pu, comme c’est pourtant la coutume, faire son bilan et s’adresser aux populations. Pourquoi ? D’ailleurs, comment se faire du souci pour le PAD puisqu’il était persuadé que ses auditions montreraient que rien ne l’incriminait. Il n’imaginait pas un procès, encore moins dans ces conditions. A-t-il des inquiétudes aujourd’hui ? Oui ! Et pas parce qu’il aurait retrouvé la mémoire sur les fortunes qu’on lui cherche en vain dans les paradis fiscaux. Ni parce qu’il serait ce condamné dans le couloir de la mort qui réalise que la fin est proche. Non, c’est qu’il se rend compte que l’enjeu n’est PAS ou n’est PLUS qu’il ait fait ou non ce qui lui est reproché.

Cameroon-Info.Net: Parlons-en de ces accusations. Mr Etonde Ekoto est inculpé pour détournements (requalifiés en coaction pour quelques-uns : 3.800.000 F de prime de naissance du PAD avec Mr Siyam Siwe, 400.000.000 F CFA où s’ajoute Mr Babila Tita) et d’escroquerie foncière au préjudice du PAD. Sans vouloir entrer dans le fond d’une affaire en jugement, ne pensez-vous pas qu’il est au moins responsable (je ne dis pas coupable) des faits qui lui sont reprochés de par sa fonction de PCA ?

S. E. E. : Je l’attendais celle-là. Et j’y réponds NON. Non, même si on ne parle pas de culpabilité pure et dure. Vous vous dites sûrement et vos lecteurs aussi, c’est normal, c’est sa fille. Mais au-delà du fait que je sais pertinemment que ce n’est pas un voleur parce que je le connais en tant que personne, que je connais ses valeurs, son amour pour le pays et l’importance qu’il attache au travail, à l’effort, c’est aussi sur la réalité que je me base. Les faits sont là. J’ai déjà parlé de la supposée escroquerie foncière. Oui, il a signé le bail avec MAERSK : normal, il était le Délégué, il représentait la CUD ! (La ville a de tout temps géré ce terrain de la place UDEAC, et aucune direction du PAD ne l’avait jamais contesté). Et les 300 millions payés ont servi à la CUD pour aménager la nouvelle gare routière à Yassa. Comment peut-on l’accuser de les avoir empochés ?

Je suis convaincue que toutes les accusations fallacieuses contre lui se révèleront telles quelles sont, comme ça vient de se passer à la 9e audience le 3 mai : lors du contre-interrogatoire (enfin autorisé) le ‘témoin expert’, ce M. Mbida Amougou dont on a déjà parlé, a avoué que la mission de contrôle du l’Etat n’avait pas eu le temps de terminer son travail. Oh ? Ils n’ont même pas rapproché leurs hypothèses de la comptabilité du PAD ! C’est fort ! Et c’est sur ça que l’instruction s’est basée pour lancer au visage des Camerounais des sommes pharamineuses ? Hum… Mieux, ledit témoin qui a avait soutenu mordicus que Etonde et Siyam s’étaient partagés la prime spéciale de 3,8 millions que vous venez de citer a fait marche arrière dans la confusion la plus totale quand un avocat de l’ex-DG l’a confronté à un document qui prouve que cette prime a été distribuée à TOUS les administrateurs.

1) pourquoi donc les autres ont-ils eu un non-lieu et parle-t-on faussement de coaction à deux ?

2) si tu rajoutes 11 personnes dans le partage, même si ce n’est pas à parts égales, ce que tu imputes à Siyam et Etonde ne peut pas logiquement être le montant total. On a tous appris les divisions à l’école.

Autre chose sur la « responsabilité ». Avant d’en parler, il faut bien comprendre les fonctions du PCA. Sinon on lui met tout sur le dos en disant il était en haut de l’échelle, il devait être au courant, ça devait passer par lui… C’est inexact. Le PCA ne gère pas la structure et le consulter n’est pas requis pour chaque décision. Il ne négociait pas les contrats, n’attribuait pas les marchés, ne touchait pas aux finances, etc. Si cela avait été son rôle, il n’aurait jamais pu le concilier avec la CUD où il passait tout son temps ! C’est peut-être pour cela qu’on ne pouvait l’accuser isolément. Il a fallu le lier à ceux qui étaient vraiment commis à la gestion quotidienne grâce au mot magique de coaction. Comme ça tu n’as pas à réunir de preuves contre chacun, tu les mets tous dans le même panier et tu multiplies tes chances. Mieux, il y a même des sommes que des TIERS hors PAD ont admis avoir encaissées, mais on les a rajoutées à l’ardoise du PCA (qui n’a jamais traité avec eux) ! 1+1 = 3 apparemment. Tu lis ça et si l’enjeu n’était pas si crucial, tu en rirais tant c’est absurde, tant on saute bizarrement aux conclusions. Mais bon, on ne va pas plaider… Juste clarifier l’essentiel.

Dernier point, le deux poids deux mesures entre le PCA et les autres administrateurs. Ces derniers ont obtenu un non lieu, on l’a dit, alors que pour les mêmes charges Etonde est TGI. Comment est-ce possible ? Si on ignore le fonctionnement d’un CA on va dire c’est normal, il présidait. Mais ça n’a rien à voir. Le PCA n’a PAS plus de pouvoir que les autres. Aux votes, comme eux, il n’a qu’une seule voix et c’est la majorité qui l’emporte. Il peut donc être opposé à une idée ou un projet, mais que ça soit quand même adopté. Par ailleurs, on veut l’incriminer en disant que sa signature est au bas des résolutions. C’est normal, c’est la loi. Le PCA et le secrétaire de séance, en l’occurrence M. Siyam, devaient signer les résolutions. Mais elles avaient été décidées en conseil, à la majorité. Si le CA s’est octroyé des primes indues, comme on dit, comment se fait-il qu’on ne les ait pas tous blâmés ? Pointer Etonde seul pour des décisions collectives ? Sans parler du côté injuste, vous trouvez que ça tient la route, vous ? La prise en compte de la collégialité du conseil aurait voulu que TOUS soient accusés ou TOUS soient exonérés. Si on n’a trouvé aux autres aucune responsabilité sur ces primes, Etonde n’en a pas non plus.

Cameroon-Info.Net: D’accord, mais le système de collégialité n’empêche pas qu’on se désolidarise des cas de non-conformité ? Par exemple les primes d’intéressement, alors que ces primes ne concernent pas les membres du Conseil d’Administration (Le PCA aurait tout de même perçu 33.000.000 de francs pour ces seules primes!) ? Un PCA a tout de même le droit de déposer sa démission dans des cas extrêmes. Qu’en pensez-vous?

S. E. E. : Oui, le PCA pourrait démissionner ou consulter ses supérieurs ou essayer de s’opposer à des cas de non-conformité. Et je suis sûre que mon père (et d’autres dans le conseil) aurait réagi s’il avait été confronté à des abus. Pour les primes d’intéressement, c’est l’accusation qui dit que le CA ne « qualifiait » pas. Mais il y a plusieurs textes et définitions à prendre en compte sinon on tire des conclusions erronées. Une erreur flagrante au sujet de ces primes a d’ailleurs été facilement démontrée à l’audience du 8 mai : l’acte d’accusation affirme qu’elles ont été payées à 25% du bénéfice net, ce qui serait 5 fois plus que le pourcentage fixé par la loi. Or, par un simple calcul à partir du total, M. Siyam et son avocat ont prouvé que c’est bien au 5% légal qu’elles ont été payées ! Le témoin expert était plutôt embarrassé. Le procureur Souley (qui a rédigé ces charges à l’instruction) n’en menait pas large non plus. Quand au public, il n’en revenait pas, paraît-il. Par ailleurs, il ne faut pas loger toutes ces primes à la même enseigne. On fronce les sourcils sur tout ça aujourd’hui parce qu’on est dans un contexte de scandales. Mais la réalité est que la LOI permet au CA de s’octroyer diverses rémunérations et primes et d’en fixer librement le montant. Mais ça les gens l’ignorent. Ils ont juste mal au cœur et à la tête à être assommés de chiffres à zéros multiples. (Où sont les médias d’INFORMATION ?) On peut désapprouver la loi et vouloir que des limites soient fixées, mais pas condamner les administrateurs (surtout pas un seul) ! D’autant plus qu’il y avait parmi eux des représentants de l’Etat. Les choses ne se sont donc pas faites en cachette (ils avaient le droit !) et des exemplaires des résolutions allaient aux ministères de tutelle. S’il y avait un souci, ça aurait dû être relevé et corrigé. Mais indexer le PAD, c’est pointer bien des sociétés publiques ou parapubliques puisque je l’ai dit plus tôt, il était au bas de l’échelle à l’époque où Etonde y était en termes de primes. Enfin, j’ajouterai ceci : on peut encore moins accuser le CA parce que l’organe censé le superviser et éviter les excès ou les erreurs, c’est-à-dire l’assemblée générale, est absent. Depuis la création du PAD en 1999, ses membres n’ont pas été nommés par l’Etat. Bref, le CA usait de ses prérogatives en fixant les primes. Est-ce que ça veut dire qu’il n’y a pas un problème de fond ? Non ! A mon avis, il faut imposer des cadres légaux et financiers plus stricts, comme ça s’est fait ailleurs. Mais là, on n’est pas au procès de la réglementation. Alors il faut admettre que pour ces primes il n’était pas question de détournement ou de manigances. Il n’y avait donc pas raison pour mon père, ou tout autre, de se désolidariser comme vous dites ou de poser sa démission : il n’y avait pas de cas extrêmes ou de non-conformité !

Cameroon-Info.Net: Que souhaitez-vous que les Camerounais qui vous liront retiennent au terme de cet entretien ?

S. E. E. : Hum ! C’est la question la plus difficile de cette conversation… Je veux d’abord vous dire MERCI à tous d’avoir pris le temps de lire ceci. Merci d’aimer notre pays et de désirer qu’il devienne ce dont nous rêvons. Un homme a dit : « J’ai mieux à faire que de m’inquiéter de l’avenir. J’ai à le préparer. » Pour nous, il s’agit d’amener à l’existence des choses qui ne sont pas : un Cameroun plus juste, plus uni, plus vrai, plus démocratique, moins corrompu. C’est une tâche colossale. Mais impossible n’est pas camerounais, n’est-ce pas ?

Toutefois, ce que nous appelons de nos vœux ne s’accomplira jamais dans un climat de HAINE ou d’INDIFFÉRENCE. Si l’amour est aveugle, la haine, elle, rend en plus sourd et muet. Aveugle face à l’autre, sourd à la vérité et muet pour la paix. On croit triompher par elle, puis on s’aperçoit qu’on est ses captifs. Et celui qui vit par l’épée meurt par l’épée. Le Cameroun sera ce que nous en ferons. Faisons les bons choix. En l’occurrence, le choix d’exiger la vérité, pas la vengeance. Le choix de rechercher la vérité, pas la satisfaction immédiate. Le choix d’accepter la vérité, pas le compromis. La VERITE affranchit. De la peur. Du mensonge. De la haine. Du mal…

Aujourd’hui je ne veux pas vous courtiser, vous confronter ou vous convaincre. Je ne suis pas là non plus pour donner des leçons et ne prétends pas avoir toutes les réponses. Je veux simplement entrebâiller la porte du « et si ? », semer un soupçon de doute, d’interrogation. ‘Et si’ a changé le monde et ouvert la voie aux découvertes les plus inouïes de l’humanité. Car les apparences peuvent être trompeuses et il existe des exceptions. La corruption n’est pas une légende. Et si, malgré tout, Etonde n’avait pas volé ? Pourquoi ? PAS parce qu’il est meilleur que les autres, plus fort ou plus vertueux. Mais plutôt parce que ses circonstances étaient différentes.

A sa nomination au PAD, il avait 62 ans. Il était accompli, ses enfants autonomes, sa retraite assurée, par ses décennies de travail. Il n’avait plus rien à prouver, sauf qu’il pouvait être un vrai grand-père gaga et casanier. Il n’avait jamais eu des goûts de luxe, ce n’était pas un fêtard, il ne courait pas le monde. C’est tout ça qui l’a gardé, l’a protégé de la tentation. Tes valeurs peuvent flancher sous la pression, mais si tu es satisfait de ta situation et que tu mesures le risque (en bon militaire, croyez-moi il sait évaluer le danger), tu ne fais pas de folies ! Dit autrement, l’appât peut être le plus appétissant du monde, si le poisson est rassasié, il ne mordra pas à l’hameçon. Surtout pas pour bousiller tout ce qu’il s’est battu toute sa vie pour construire, pour atteindre ! Mon père n’est pas un spéculateur qui a joué à quitte ou double. Il a trop galéré à bâtir sa vie pour la détruire maintenant, à l’heure de la retraite, pour des millions dont il n’a pas besoin ! Vous l’avez découvert quand il est devenu un homme public en 2001 et depuis le cynisme ambiant a fait le reste face à son aisance réelle ou supposée. Conclusion facile, il a puisé dans les caisses. Pourquoi faire ? Il s’était fait à la force du poignet pendant 64 ans ! Nous, on est une génération micro-ondes, on veut tout, tout de suite. Leur génération n’était pas comme ça, ils étaient patients, bosseurs. Chacun de nous a au moins un exemple de ça autour de lui.

Moi, je me souviens des longues années qu’on a passées en location à Akwa Nord à souffrir les embouteillages de la route unique avant que ma mère et lui se disent, la cinquantaine passée : c’est bon, on peut se poser, construisons notre maison. Je me souviens de ses va-et-vient à la plantation et dans ses champs à travailler la terre, à lutter contre les multinationales pour les locaux. Je me souviens de toutes ses heures supplémentaires à la CUD, à bosser à un rythme qui épuisait ses jeunes collaborateurs, à aller sur le terrain. Je me souviens de ses rêves, ses combats pour Douala, sa ville natale, et de ses cruelles déceptions quand ça tombait à l’eau ou ça bloquait. C’est cet homme-là qui serait subitement devenu un pilleur sans foi ni loi ? Cet homme-là qui aurait planté un couteau dans le dos de la nation qu’il s’est voué à servir, avec ou sans uniforme ?

Ce que j’aimerais que vous reteniez ? Edouard Etonde Ekoto n’est pas un ange, puisqu’il est humain, mais ce n’est pas le démon que vous croyez. Ce n’est pas un saint, comme chacun de nous il est imparfait, mais ce n’est pas l’horrible vilain qui vous est dépeint. (A cette allure, il remplacera bientôt le njounjou comme épouvantail par excellence dans l’imaginaire collectif !) Peut-être mon père paiera-t-il pour les années d’impunité et que peu broncheront. Mais je le crois, je le sais, un jour la vérité reprendra ses droits. Peut-être en serons-nous témoins, peut-être que ça sera après nous. Mais au procès de l’histoire, la preuve sera faite.
Ce que je veux dire aux Camerounais ? Dans cette affaire mais par-dessus tout au-delà de cette affaire, ne renoncez jamais aux standards suprêmes de la justice et de la vérité. Poursuivez-les avec acharnement. Car rien, absolument rien, ne vaut la peine qu’on les sacrifie. Aucune ambition. Aucune résignation. Aucune tentation. Aucune passion. Aucune pression. VOUS N’ÊTES PAS APPELÉS À ÊTRE DES ÉCHOS. VOUS ÊTES DESTINÉS À ÊTRE DES VOIX! Trouvez-la, votre voix, et marchez dans la voie de l’intégrité qu’elle vous trace et qu’elle réserve à notre cher Cameroun !

Cameroon-Info.Net : Sandrine Etonde Ekoto, nous vous remercions.

ITW Sandrine E.E ( Deuxième partie et fin)

vendredi 28 décembre 2007

ETONDE EKOTO A FINANCE LE RDPC !

L'emprisonnement du colonel Edouard Etonde Ekoto relève d'une Cabale d'état, le mot n'est pas assez fort pour qualifier le procès politique qui a permis de porter atteinte à l'image d'un personnage respecté, bâtisseur et grand patriote devant l'éternel, qui n'a jamais hésité à défendre son pays. Souvenez vous de 1984 lors de la tentative de Pustch ? Des millions de camerounais n'oublient pas que bien qu'étant à la retraite, l'ancien officier supérieur, n'avait pas hésité à mettre sa vie en péril pour voler au secours du chef de l'Etat camerounais actuel dont les qualités de courage n'ont jamais été évidentes, loin de là. Passons également sur ses faits d'armes pendant la période explosive de l'indépendance. N'est-ce pas encore lui qui officiait dans les régions où ses collègues n'osaient mettre les pieds? Bref, l'ancien officier de St Cyr et de l'école militaire de guerre de Paris, comme il l'a rappelé à ceux qui l'on envoyé derrière les barreaux du bagne de New-Bell, a toujours répondu présent quand son pays le demandait, allant même jusqu'à entrer en politique, lui qui déteste les intrigues et coups bas politiciens. Quelle mouche l'a donc piqué, alors qu'il n'en avait pas besoin pour vivre ? On le sait, en Afrique, l'Homo politicus se sert habituellement dans les caisses de l'Etat, oubliant qu'il doit être au service du peuple. C'est bien ce qui explique les règnes à rallonge, notamment ceux de Bongo, Biya, Eyadema, Ben Ali, Mobuti et consorts.

Une fois encore, c'est le goût pour les challenges, par exemple, celui de réveiller Douala, sa ville natale et lui redonner son lustre d'antan. Pour cela, il a accepté la mission piége que lui a confié le président camerounais, acceptant même de devenir un député RDPC du Wouri. On connaît la suite. Il apparaît que Edouard Etonde Ekoto a été piégé, qu'il est accusé d'avoir détourné des fonds publics qui, comme le reconnaît la justice, elle-même, n'ont pas contribué à l'enrichir. On parle de 900 millions de FrancCFA, c'est à dire RIEN pour un homme devenu très riche en raison de ses activités comme opérateur économique.
Deux semaines après son incarcération, il est plus que jamais décidé à prouver qu'il n'a rien du prévaricateur que les ordonnateurs de sa chute ont fait croire au peuple, ce qui est la meilleure manière de ne pas réellement parler des problèmes de fond relatifs à la très longue présidence du prince du palais d'Etoudi.L'heure de la riposte a sonné, on apprend dans la presse camerounaise que trois avocats du collectif de défense d'Edouard Etonde Ekoto, Emmanuel Pensy, Martine Mbongo Bwame et Jean Daniel Ikallé ont convié la presse mercredi dernier 19 décembre 2007, pour un échange autour de la décision du tribunal de grande instance du Wouri statuant en matière criminelle, rendue dans la nuit du 12 au 13 décembre dernier. Décision qui a condamné leur client à 15 ans de prison ferme, avec déchéance de ses droits civiques et confiscation de ses biens. Ces avocats révèlent une vérité qui devrait faire réfléchir du côté des commanditaires du procès "détournement au PAD": " Les sommes imputées à Etonde Ekoto ont été reversées au RDPC !"
Recapitulons, l'ancien président du conseil d'administration du PAD perçoit 20 millions Fcfa lors d'un conseil d'administration, ce qui lui vaut ses déboires actuels, et reverse intégralement cet argent à un parti politique. Est-ce courant que le secteur privé finance la politique ? Tous les autres partis politiques bénéficient-ils de telles largesses ? Quelle est la place occupée par ce parti financé par des fonds privés? Accrochez vous, il s'agit ni plus ni moins que du premier parti politique, l'ancien organe unique et actuellemement machine de guerre au service du Président Paul Biya. Bigre !
Le moins qu'on puisse dire, c'est que s'il y a eu détournement de fonds, il faudrait à la fois inculper le Chef de l'Etat et le colonel Edouard Etonde Ekoto pour "abus de biens sociaux en coaction". Or, ce n'est pas le cas, c'est plutôt le généreux donateur qui est dans l'embarras, alors qu'il a activement contribué à financer la campagne présidentielle de 2004 dans la capitale économique et poumon du Cameroun. Le monde à l'envers ! C'est bien la preuve que le pouvoir camerounais prend les gens pour des cons. Qu'on ne s'y méprenne pas, la vérité prend souvent son temps avant d'éclater au grand jour, c'est bien ce que devraient méditer ceux qui ont décidé d'abattre l'ancien homme fort de Douala.

L3E

Etonde Ekoto a financé le RDPC !

jeudi 27 décembre 2007

PAUL BIYA AVAIT DEJA ANNONCE LE VERDICT EN DIRECT SUR FRANCE 24 !!!!!



Le 26 octobre dernier, accordant une interview à une chaîne française, la première après 20 ans de mutisme, le président camerounais, Paul Biya, laissait entrevoir sa manière toute particulière de présider son pays. L'homme, qui est surnommé le sphinx, en raison de son effacement total depuis son accès à la magistrature suprême, a surtout donné raison à tous ceux qui ont toujours dit qu'il est un président "malgré lui", c'est à dire pas fait pour être un chef d'Etat.

D'abord, il s'est fait très élogieux à l'égard de son homologue français, Nicolas Sarkozy: " Mes premiers mots seront de remercier le Président de la République française, Monsieur Nicolas Sarkozy, pour l’invitation qu’il m’a adressée à visiter Paris et à visiter la France. (…) Je dois dire que le premier contact que j’ai eu avec lui était chaleureux, cordial, profond. C’est un politicien chevronné donc il connaît les problèmes, il connaît l’Afrique et je suis tout à fait heureux de noter cette continuité dans la relation entre la France et le Cameroun. " Manifestement, Paul Biya n'a entendu parler ni de la politique raciste de Nicolas Sarkozy ( "immigration choisie", tests ADN, restrictions de visas, stigmatisation outrancière des Noirs), ni de son discours de Dakar, 26 juillet 2007, lequel continue d'écoeurer tous ceux qui s'en souviennent.

Ensuite, répondant à la question du journaliste Ulysse Gosset, qui lui demandait ce qu'il attendait en particulier de la France et de Nicolas Sarkozy, il s'est comporté comme un valet servile, un VRP de la soumission de son pays à l'ancienne métropole: " Ce que nous attendons de la France c’est qu’elle continue à accorder sa coopération et son amitié à l’Afrique. Nous avons des liens anciens, des liens culturels, au moment où nous assistons à l’impérialisme linguistique de certaines langues, il n’est pas inutile de préserver un espace où l’on parle français....." Pire, oubliant même que le Cameroun est un pays bilingue, il s'est permis de formuler une critique à peine voilée du développement de la pratique de la langue anglaise alors que la francophonie est à la peine. Un chef de l'Etat qui s'emporte et oublie une partie très importante de la population camerounaise, on ne pouvait pas l'imaginer, mais Biya l'a fait devant une chaîne d'information diffusant à travers le monde entier. Après ça, on s'étonne qu'il y ait toujours des velléités de sécession dans la partie anglophone du Cameroun.

Enfin, et c'est le plus important des enseignement à tirer de l'interview du président Paul Biya, c'est qu'il a passé son temps à donner des gages à ceux qui le soutiennent encore au pouvoir aujourd'hui, malgré son échec patent à diriger son pays après 25 ans de présidence. Il a dévoilé son implication dans l'opération dite "anti-corruption", allant même jusqu'à donner des informations strictement confidentielles au journaliste qui lui parlait de la corruption au Cameroun. Par exemple, Paul Biya a fait état de l'avancée des enquêtes liées à l'affaire du PAD, affirmant fièrement : " Nous avons un certain nombre de structures permanentes qui ont pour finalité de chercher à éradiquer la corruption et tout un service de bonne gouvernance. Nous pensons arriver à de bons résultats. Tenez, je peux donner quelques résultats : les recettes du port de Douala, qui atteignaient un certain niveau mais qui, dès qu’on a commencé à appliquer la lutte contre la corruption, ces recettes ont augmenté de 30 ou 40 %, donc c’est intéressant." Bigre !
Faut-il lui rappeler que dans un Etat démocratique, il existe ce que l'on appelle la "séparation des pouvoirs" ? Comment croire en l'impartialité des condamnations dans le verdict rendu le 13 décembre dernier ? Peut-on encore parler d'une justice équitable quand le premier magistrat d'un pays annonce depuis l'étranger les condamnations à venir ? Sans aucun doute, cette collusion d'intérêts entre Paul Biya et la justice camerounaise est à la base de ce que l'on nomme désormais l'Affaire Edouard Etonde Ekoto, qui se retrouve en prison sur des chefs d'accusation qui ne tiennent plus la route, comme l'ont si bien démontré ses avocats pendant toute la durée de son procès, soit 1 an et demi. Et pourtant, rien n'a pu contrer la machine infernale de l'injustice.
A la lumière de l'interview accordée par Paul Biya à France 24, on comprend que les raisons profondes de la déchéance de l'ancien délégué du gouvernement, Edouard Etonde Ekoto, sont connues en haut lieu. De fait, il apparaît évident que derrière l'affaire du PAD, il y a surtout eu un procès politique visant principalement l'ancien Homme fort de Douala. Cela ne fait que conforter l'idée d'une parodie de justice rendue au nom du prince. Connaîtrons nous la vérité bientôt ? Il faut l'espérer rapidement.

L3E


samedi 22 décembre 2007

LES AVOCATS D'ETONDE EKOTO PARLENT D'UNE MACHINATION POLITIQUE


La condamnation d'Edouard Etondé Ekoto soulève de plus en plus de questions au Cameroun. Après son emprisonnement programmé en haut lieu, c'est à dire au Palais d'Etoudi, ses avocats reviennent sur des points essentiels que l'opinion publique camerounaise, abrutie par la propagande gouvernementale relayée par des médias très partiels et partisans, ne se posait pas.
D'abord, quelles sont les charges exactes qui justifient que l'on ait humilié un Homme jusque là très respecté au Cameroun, car évoluant en dehors des intrigues et des soumissions au Prince ? Ensuite, comment expliquer le dispositif policier déployé le jour du verdict fatal , sachant que les inculpés n'étaient pas des criminels, bien au contraire des Hommes dont les garanties de représentation étaient incontestables ? Ce qui est sûr, les masques tomberont et le pouvoir politique sera emmené à dire réellement pourquoi le Colonel Edouard Etondé Ekoto est devenu un prisonnier encombrant, une personnalité à abattre. L'affaire 3 E ne fait que commencer.
Qui avait intérêt à nuire à la première personnalité du littoral, l'homme fort de la capitale économique, Douala ? Suivez nos regards ! Paul Biya restera t-il longtemps aux abonnés absents ? Rien n'est moins sûr.


vendredi 21 décembre 2007

ETONDE EKOTO: Symbole d'une justice à géometrie variable.

Mais quel serait donc le crime commis par Edouard Etondé Ekoto pour s'attirer les foudres d'une justice camerounaise qui se souvient du coup qu'elle doit faire le ménage et débarrasser le pays de l'étiquette de pays le plus corrompu de la planète ? Une justice dont le bâtonnier Me Tchoungang* est le symbole même de cette décadence dans les mœurs de cette institution.

Objectif louable en soi, mais réalisable dans le contexte actuel ? Existe-il une réelle volonté politique pour endiguer ce mal qui pourtant pèse et gangrène la société camerounaise depuis près de 23 ans maintenant ? Des hautes sphères de l'état jusqu'à la base, il faudrait donc faire le ménage et les capacités d'absorption des geôles camerounaises auront vite montrés leurs limites.
Ce mal qui n'est pourtant pas l'apanage de petites gens qui, par mimétisme, s'adaptent au mode de fonctionnement d'une classe politique qui a compris, comme le dit un adage bien camerounais: "la chèvre broute là où elle est attachée".

Le colonel Etondé est-il victime d'une justice politique ou d'une justice réellement soucieuse de faire le ménage et d'épingler tous ceux qui rendent la vie difficile à une population aujourd'hui incapable de vivre décemment malgré les richesses que regorge ce pays et donnent cette réputation peu enviable de pays rongé par la corruption.

Tous les précédents en matière de corruption et de détournements de fonds au Cameroun, et l'impunité qui les accompagne, laissent penser que le colonel Etondé Ekoto paye les frais d'un prince qui démontre l'étendue de son pouvoir. Rappelant à quelques sceptique, qu'il est seul maitre à bord. Sans être convaincu d'enrichissement personnel, aucune preuve étayant le détournement de deniers publics, le septuagénaire Etondé Ekoto, serviteur infatigable de la nation, est le symbole de cette justice partisane qui protège les uns parce que servant les intérêts du prince et châtient les autres, ainsi le rappelait le professeur NWEL " On a certes attrapé quelques larrons, mais tout continue comme avant", affirme-t-il".
Cette opération de lutte contre la corruption dépend de la volonté du chef de l'État. Si on a des liens privilégiés avec lui, on n'est pas inquiété".


*: Le bâtonnier a été contraint mano militari à se présenter à la justice française au mois de novembre dernier. Cherchant à induire la justice en erreur, il a, pour sauver les meubles, plaidé coupable pour une affaire avec son ex-épouse, privée de voir ses enfants depuis 8 ans, parce que Monsieur Tchougang s'y oppose, même avec des arguments extra legaux.

jeudi 20 décembre 2007

QU'EN DISENT LES MEDIAS CAMEROUNAIS ?


Par Honoré FOIMOUKOM

Les détournements reprochés aux condamnés concernent peu de volets de l’ordonnance de renvoi. Seuls les biens saisis par le ministère public ont été confisqués. Les prétentions de l’entreprise portuaire en terme de dommages et intérêts ont été revues à la baisse.
L’affaire Etat du Cameroun et Port autonome de Douala (Pad) contre 13 personnes dont les anciens président du conseil d’administration et directeur général de l’entreprise portuaire est loin d’être terminée. Trois des quatre (le quatrième, Simon Pierre Ewodo Noah, actuel directeur général adjoint du Pad, est sous le coup d’un mandat d’arrêt international) accusés, reconnus coupables de détournements de deniers publics ont décidé de relever appel de la décision rendue au petit matin du jeudi 13 décembre par le tribunal de grande instance (Tgi) du Wouri. Du fond de sa cellule, chacun de ces coupables ne perdent pas espoir. Les avocats des uns et des autres se disent confiants pour la suite.
Approchés par Le Messager, les conseils de ces coupables confirment les appels interjetés pour le compte de leurs clients écroués soit à la prison de New Bell (Edouard Nathanaël Etondè Ekotto et François Marie Siéwé Nitcheu) soit à la légion de gendarmerie du Littoral (Alphonse Siyam Siwe). Les appels interjetés par ne portent pas seulement sur les peines d’emprisonnement fermes (30 ans pour Alphonse Siyam Siwe, 25 ans pour François Marie Siéwé Nitcheu et 15 ans pour Edouard Nathanaël Etondè Ekotto) prononcées contre ces coupables. Mais aussi, sur le montant des dommages intérêts à verser au Pad par les condamnés. Et sur les biens dont le tribunal a décidé de la confiscation.

Dommages et intérêts

Les montants des sommes détournées varient en fonction des accusés. Au colonel à la retraite Edouard Nathanaël Etondè Ekotto, il est reproché le détournement d’une somme de 900 millions de francs Cfa répartis ainsi qu’il suit : 500 millions de francs Cfa dans le cadre de l’affaire Aiti (au cours des débats, il a été révélé que cet argent aurait été touché par El Hadj Tanko Ahmadou) et 400 millions de francs Cfa distribués au administrateurs du Pad ; le colonel ayant perçu 20 millions de francs Cfa. Pour Alphonse Siyam Siwe, le montant retenu est de près de 11 milliards de francs Cfa dont quelque 10 milliards dans le cadre du contrat passé avec l’entreprise japonaise Mitsui and Co, quelques 480 millions de francs Cfa au titre de libéralités et appui ou contribution du Pad à diverses actions sociales, les sommes d’argent reçus par le groupement Bds/Cretes (prestataire de service).
L’ex Dg du Pad et l’ex Pca du Pad sont en coaction dans l’affaire Aiti. François Marie Siéwé Nitcheu est retenu en coaction avec Alphonse Siyam Siwe dans le cadre des surfacturations des travaux de Génie civil. Simon Pierre Ewodo Noah, actuel directeur général adjoint du Pad introuvable, est poursuivi pour un détournement de 18 millions de francs Cfa dont 10 millions de francs Cfa au titre des indemnités, appui ou contribution diverses dans le cadre de la gestion de l’entreprise du Pad. En terme de dommages et intérêts, le Pad a, par le biais de ses conseils, sollicité 65 milliards de francs Cfa. En soutenant que l’entreprise portuaire a tellement souffert de ces détournements et que l’actuel directeur général du Pad vit toujours à l’hôtel Sawa parce que sa maison de fonction n’a pas été pourvue des meubles emportés par son prédécesseur au moment où ce dernier vivait à Yaoundé et cumulait les fonctions de ministre et de Dg du Pad.

Biens confisqués

Les biens à confisquer sont une maison située au quartier Etoug Ebe à Yaoundé et tout son contenu (des meubles, salles à manger, tapis, guéridons, pagnes du Rdpc, ustensiles de cuisine…) appartenant à Alphonse Siyam Siwe. A ce dernier, l’on confisque aussi de l’argent contenu dans cinq comptes bancaires au Cameroun : deux à Afriland First Bank ayant chacun 5 millions de francs Cfa, trois à la Bicec Yaoundé ayant respectivement 1.255.000Fcfa, 2.291.000Fcfa et 1.320.000Fcfa. On lui confisque aussi un compte bancaire à Bnp Paris France, contenant 38 mille euros.
A François Marie Siéwé Nitcheu, l’on confisque quatre comptes bancaires : deux à la Cbc Douala ayant respectivement 1.800.000Fcfa et 82.398Fcfa, deux au Crédit lyonnais, l’un ayant 2.394.000Fcfa. A Edouard Nathanaël Etondè Ekotto, l’on confisque trois comptes bancaires : l’un au Crédit lyonnais avec 2.296.000Fcfa, l’autre à la Sgbc Bali avec 6.942.000Fcfa et le dernier à la Bicec Bali avec 1.820.000Fcfa. A Simon Pierre Awodo Noah, l’on confisque deux comptes : l’un à la Sgbc avec 477 milles Fcfa et l’autre à la Bicec avec 59.619Fcfa.

Source: Cameroun Link