jeudi 7 février 2008

AFFAIRE ETONDE EKOTO: LA PLAIDORIE IGNOREE PAR LA TRIBUNAL


Lors du verdict "politique" sur l'affaire du détournement de fonds au PAD, qui a condamné le Colonel Edouard Etonde Ekoto à 15 ans de prison, il y a une plaidoirie qui a particulièrement marqué tous ceux qui étaient présents ce jour là au Tribunal de Grande Instance de Douala, capitale économique du Cameroun, c'est celle de Me Jean Daniel Likale. Bizarrement, elle est complètement passée sous silence puisqu'elle n'a pas été reprise par la presse locale, dans son ultra-grande majorité, 99%, ce qui n'est pas une surprise quand on sait combien celle ci a participé à la campagne de calomnie et de diabolisation massive de l'ancien délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala.
Plus étrange encore, cette plaidorie, comme l'a si bien relevé le quotidien Le Front du 13 décembre, a été ignorée par le Tribunal, confirmant s'il en était besoin que tout était joué d'avance. Il n'empêche que dans son plaidoyer, Me Jean Daniel Likale, avocat au barreau du Cameroun, a démontré comment la justice était instrumentalisée à des fins politiciennes; comme le découvrent au fur et à mesure les camerounais. Si même le quotidien Mutations du 21 novembre 2007, qu'on ne peut pas soupçonner d'avoir des accointances avec le Colonel Edouard Etonde Ekoto, a trouvé cette plaidoirie un peu fleuve, 2h36, lire la conclusion, ci dessous, avant d'ajouter qu'elle n'était pas lassante, mais très instructive, on ne doute pas que peuple bientôt découvrira qu'il a été complètement berné sous couvert d'une opération "mains propres".

L3E

Monsieur le Président,

Honorables membres du Tribunal ;

Le parquet, sans abandonner l'accusation, a requis de manière absolue la condamnation.

Il a requis comme s'il n'avait pas assisté au déroulement des débats.

Le parquet a requis comme si les débats qui se sont déroulés devant vous n'étaient pas nécessaires.

Il s'agit d'un réquisitoire sans appel, un réquisitoire échafaudé de faits et chiffres défigurés ;

Et cet échafaudage ne peut que tomber en ruine et à la lumière de la force de l'argumentaire de la défense qui a su détruire, fragiliser toutes les charges, lesquelles ne revêtent aucun caractère pénal.

Le ministère public a ainsi requis parce que dit-il, c'est pour la première fois qu'une juridiction aura à juger un ancien ministre, un député de la nation et ancien délégué du gouvernement et que cette affaire revêt un caractère d'une exceptionnelle gravité en raison de la personnalité de certains accusés.

Le ministère public a ainsi requis parce que dit-il cette affaire revêt un caractère d'une exceptionnelle gravité en raison non seulement de la personnalité de certains accusés mais aussi des chiffres étant donné que cette affaire occupe la deuxième place en terme de chiffre.

Eh bien moi je vous demande s'il est juste de condamner un innocent parce qu'on lutte de manière acharnée contre la corruption et le détournement ;

Est-il juste de condamner un homme parce qu'on a accolé à son nom des chiffres cousus de toutes pièces ;

Est-il juste de condamner un citoyen parce qu'il est une personnalité ;

Est-il juste de condamner pour condamner parce qu'il faut un avertissement ;

Décidemment, le Cameroun a horreur de l'émergence d'autres personnalités, et c'est ce qui semble justifier cette lutte acharnée menée contre le colonel Etonde Ekoto sous le couvert de lutte contre la corruption et le détournement.

Qui est cet Homme? Qui est le colonel Etonde ?

J'avoue que je ne suis pas la personne qui devrait vous parlez de Lui.

Né dans la deuxième moitié de la décennie soixante, au moment où il était déjà officier, je pense qu'il y a mieux placé que moi pour en parIer.

A défaut, je ne saurais me taire car le colonel Etonde Ekoto est tout sauf un délinquant à col blanc ;

Le colonel Etonde Ekoto est tout sauf un délinquant économique.

Officier chevronné et héros de la pacification du pays et de la stabilisation des institutions républicaines, personne ne peut le lui dénier.

Modèle de réussite sociale, cela ne peut être contesté même si des langues jeunes et ignorantes, ou des langues envieuses et jalouses trouvent toujours à redire sur sa fortune. Il suffit d'aller à moins de cent kilomètres d'ici, à Njombe-Penja-Loum pour voir de vos yeux.

Le colonel quant à lui est toujours débout, toujours à l'oeuvre. Tout ce qu'il a acquis résulte de son travail. Il a su très vite retrousser ses manches comme tout bon militaire en action, et c'est ce qui lui vaut Ie rayonnement tant envié par ses détracteurs.

Notre pays est malgré les ressources humaines et naturelles dont il regorge, miné par le vice, je voudrais dire, le virus de l'envie, qui fait en sorte que ce potentiel humain ne met plus son intelligence au travail, au travail bien fait mais aux calomnies, aux ragots et à la médisance.

Au début de ma plaidoirie, je vous ai dit que cette affaire est un procès dirigé contre une personnalité bien connue des quartiers militaires et des milieux d'affaires nationaux et internationaux.

Je vous ai dit que c'est une affaire dirigée contre l'un des héros de la pacification de ce pays et contre un des modèles de la réussite sociale. Tout le monde passe depuis 1993 devant son hôtel particulier qu'il habite.

Je vous ai enfin dit que la République a traduit devant vous l'une des plus hautes personnalités qui a fait et fera l'histoire du Cameroun de toujours pour reprendre l'expression du Professeur Guiffo, titre de son livre où figure en bonne place le colonel Etonde Ekoto.

Personnalité militaire, le colonel Etonde compte parmi les tous premiers camerounais à intégrer sur concours l'école spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidam d'où il sort officier.

Rentré au Cameroun, il est directement appelé sur la ligne de front pour pacifier le Moungo, puis la Sanaga Maritime dans le Littoral, ensuite l'Ouest et le Nord Ouest du Cameroun. Il a 24 ans et à cet âge, il n'a pas eu, comme on dit chez nous, le temps de jouer la vie.

Il s'agit d'un homme qui n'a pas connu de répit car à chaque fois qu'il y avait des remous quelque part, il répondait présent, il y était envoyé en sapeur pompier et c'est par amour de son pays qu'il a également réussi à garantir la neutralité du Cameroun dans la guerre du Biafra (Nigeria) en 1967. L'élite de ses compagnons d'armes partageait ses idéaux et pouvait en attester.

A seulement 30 ans, il devient de 1967 à 1970, Directeur de l'Ecole militaire Inter Armes du Cameroun. Il est nommé Directeur des personnels et de la formation prémilitaire au ministère des Forces armées à son retour de l'Ecole Supérieur de guerre en 1972. Enfin, il quitte sa riche carrière militaire en 1976 avec le grade de Colonel au motif inavoué qu'il inquiétait le pouvoir de Yaoundé. Ses performances tant sur le terrain au Cameroun. qu'à Saint-Cyr et à l'Ecole Supérieure de Guerre inquiétaient l'autorité politique surtout quand on sait qu'au moment où il est mis à la retraite par anticipation et nommé directeur de l'Office National de Participation au Développement, les caporaux renversaient dans certains Etats africains des régimes et s'installaient au pouvoir.

Un ancien Ministre qui l'a connu et travaillé avec lui vers les années 60 me dira un jour que cet homme que tu défends est un militaire avec grand M…, il a rendu d'énormes services à l'Etat et à la nation au risque de sa propre vie... S'il y a la paix aujourd'hui, il y a beaucoup contribué...

C'est cet officier supérieur, pétri dans le moule de l'honneur et de la fidélité, c'est cet officier supérieur qui a rendu des services inestimables à la nation qu'on a traduit devant vous pour des ragots ;

C'est de l'Onpd qu'il s'oriente vers la vocation d'agriculteur.

Retraité, il se reconvertit de manière circonstancielle à l'agriculture son second amour. Sur le front du monde paysan, il démontre sans complexe que la terre est un trésor pour le Cameroun et qu'elle a toute sa place dans le dessein économique de l'Etat. C'est ainsi qu'il a réveillé et organisé le monde paysan camerounais en groupements divers de producteurs et d'exportateurs en l'introduisant sur la scène internationale. En effet, c'est ce qui vaut au regroupement Agrocom la reconnaissance d'utilité publique consacrée par Décret présidentiel de 1995.

Son engagement dans l'agriculture fera de lui un modèle de succès dans ce secteur d'activité et cela lui vaudra une reconnaissance internationale lorsqu'il sera porté à la tête du Coleacp (c'est-à-dire du Comité de Liaison Europe-Afrique-Caraïbe-Pacifique qui est en charge de la promotion des fruits tropicaux, légumes de contre saison, fleurs, plantes ornementales et épices), comme Vice président de 1984 à1994 puis comme Président de 1994 à 200l, fonction qu'il quitte en raison de sa nomination comme Délégué du Gouvernement. Soit 17 (dix sept années) consécutives et entières de responsabilité sur le plan international sans qu'on ne lui reproche quoi que ce soit ou qu'il ne fasse l'objet de calomnies. C'est ainsi que depuis 1997, il est membre du bureau du Gicam, le Groupement Inter patronal, le Medef du Cameroun.

Le colonel Etonde Ekoto a la notoriété qu'il arbore aujourd'hui en vertu de ses qualités et de ses mérites. Il n'est certes pas un ange, mais c'est un homme qui a travaillé pour mériter le standing de vie sociale qui fait beaucoup de jaloux dans notre triangle national.

Rappelé aux affaires publiques à 62 ans par sa nomination comme PCA du Pad le 08 octobre 1999, soit 21 années passées hors des activités de l'Etat, avec pour mission : la réussite de la réforme portuaire qui à elle seule représentait 40% du point d'achèvement, nous ne pensons qu'il ait failli puisque la réforme a été conduite avec succès et le point d'achèvement atteint. Parallèlement, il assurera l'intérim de PCA de la Sic de 2002 à 2006.

Il occupera ensuite le poste de Délégué du Gouvernement près la Communauté Urbaine de Douala avec pour mission d'assainir la ville. Tous les grands chantiers de la ville de Douala, sont n'en déplaise à ses détracteurs, l'œuvre de cet Homme qui a eu le mérite de planifier l'assainissement et l'urbanisation de la ville en négociant et obtenant auprès des institutions internationales les financements nécessaires à la réalisation de tous les projets en chantiers aujourd'hui. Il lui sera interdit de prendre la parole comme c'est l'usage le jour de son départ de la Cud. Qu'aurait-il dit ?

Si l'exécution de ces travaux a été retardée, le peuple ne saurait le lui imputer car ce n'est pas lui qui tient la caisse de la Cud. C'est à cause de la lourdeur des procédures d'appel d'offre. Pour qu'un appel d'offre aboutisse, il faut attendre environ quatre ou cinq ans au Cameroun et cela n'est pas pour faciliter l'exécution des projets et partant le développement d'un pays. Cette lourdeur ne peut que favoriser l'expansion de la corruption et tous maux qui minent notre pays.

Choisi comme chef de file, ces missions électorales successives à Douala ont été également menées avec succès. Et c'est un Député du Wouri de la législature passé que vous avez curieusement et injustement devant la barre. Président des commissions provinciales, départementales et communales de la dernière campagne présidentielle, c'est un cas unique dans le pays.

Aujourd'hui à 70 ans le combat n'est pas fini. Le voici de nouveau au front pour une mission nouvelle : celle de la manifestation de la vérité, la manifestation de la Justice. Cette ultime mission pourrait, devrait, comme toutes les autres, être menée à bien. Pour la plus grande édification de notre pays en quête de Droit, de Justice et de Vérité. Alors, en dévoué serviteur de la Nation, il pourra enfin prendre sa retraite, car la relève est là prête à porter haut, très haut le drapeau de notre pays. Relève à qui il a essayé de transmettre ces valeurs qui sont les siennes : Travail, Rigueur et Mérite.

Sous la pression, dans un contexte de tensions, il est toujours plus aisé de suivre le courant plutôt que de s'y opposer .En l'occurrence, il est plus simple, semble-t-il, et aussi plus tentant, de calomnier, d'humilier, de déshonorer le colonel Etonde Ekoto Edouard. Il peut même aujourd'hui paraître correcte de condamner cet honnête citoyen, ce vrai patriote et haut commis de l'Etat, en se cachant sous le parapluie du « je ne fais qu'obéir aux ordres » pour se dédouaner ou apaiser sa conscience.

Ceux qui furent appelés au procès de Nuremberg, eux aussi ne faisaient qu'obéir. Au bout du compte, la gloire, le mérite ou le plaisir qu'ils avaient pensé en tirer furent non seulement éphémères et avilissants mais en plus la honte, le déshonneur et le jugement de l'histoire rejaillirent sur eux et leur progéniture et ne les quitteront plus.

Bien avant eux, un autre homme qui avait le pouvoir de faire le bon choix, de faire le bien et de ne s'en tenir qu’à la Justice a choisi au contraire -sous la pression, même s'il connaissait au fond de son cœur la vérité- de se laver les mains, de donner en pâture au peuple l'homme qui n'avait rien fait. Son nom est tristement et définitivement célèbre : Ponce Pilate.

Deux mille ans plus tard, aujourd'hui, ici à Douala, c'est une histoire similaire qui se joue dans cette salle, devant ce tribunal, en présence de témoins, et surtout sous le regard scrutateur et impartial de l'Histoire elle-même. Que retiendra-t-elle ? Une mascarade de la Vérité envers et contre tous ? Envers et contre le colonel Edouard Etonde Ekoto ?

Porter atteinte à son honneur pour un forfait qu'il n'a pas commis, c'est déshonorer cette armée dont il a formé la plupart des hauts cadres et qui voit en lui leur modèle.

Porter atteinte à son honneur pour un forfait qu'il n'a pas commis, c'est désavouer tous les modèles de réussite sociale. Voyez-vous, ses amis ont envoyé un témoin qui rapportera les faits.

Porter atteinte à son honneur, c'est décourager ceux qui sont soucieux comme lui de bâtir ce pays.

La justice ne doit pas être un instrument au service des intérêts égoïstes et mafieux ;

La justice ne doit pas être instrumentalisée.

Si nous voulons bâtir une démocratie digne des grandes démocraties du monde, ce n'est pas en instrumentalisant la Justice.

Je plaide donc non coupable, je plaide l'acquittement.

Je plaide l'acquittement parce que je suis convaincu (au terme de ces débats) de l'innocence du colonel Edouard Etonde Ekoto.

Je plaide l'acquittement parce que je suis convaincu que vous aurez le courage, Monsieur le Président, Honorables membres de la collégialité, de dire le droit et de rentrer dans l'Histoire.

Je suis convaincu que vous allez rentrer dans l'Histoire parce que vous aurez rendu dans cette affaire une décision juste.

Et ce n'est qu'en rendant une décision juste, Monsieur Ie Président, Madame et Monsieur du Tribunal, que vous resterez en paix avec votre conscience.

Me Jean Daniel Likale

(Le Front n°244 du 13 Décembre 2007)




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