mercredi 5 mars 2008

AFFAIRE ETONDE EKOTO: L'HEURE DE LA CHASSE AUX SORCIERES

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" Ce qui est choquant, c'est que depuis ma garde à vue, aucune visite ne m'est permise, comme si j'avais porté atteinte à la sécurité d'Etat. Pourtant les motifs qui ont entraîné ma garde à vue relèvent du droit commun, et que je ne suis pas encore inculpé. Des perquisitions illégales dans mon domicile, mon bureau et mon véhicule. De ma cellule, le gendarme greffier m'a informé que ma maison, mon bureau et mon véhicule ont été perquisitionnés sur réquisition du procureur de la République sans que je sois présent sur les lieux alors que j'ai été enlevé et il sait bien où il m'a fait garder. Cette perquisition qui a eu lieu le samedi 1er mars me bouleverse car comment comprendre, Excellence Monsieur le Président de la République, qu'un magistrat de ce rang, fût-il soutenu par n'importe qui, ne comprenne pas que les dispositions du nouveau code de procédure pénale imposent que le mis en cause soit présent au moment où son domicile est perquisitionné ou alors un de ses représentants et deux voisins ? Le sous-préfet qui conduisait cette mission, était entouré des gendarmes venus de Nkongsamba à cet effet.
Telle que cette affaire est manipulée, l'ai peur qu'en l'absence de toute preuve contre moi (preuve qu'il n'arrive pas à réunir), jusqu'à ce jour que ce procureur de la République qui multiplie des abus, ne soit amené à me placer en détention préventive pour satisfaire ces manipulateurs occultes déterminés à me détruire.

Excellence Monsieur le Président de la République, l'Etat de droit que vous vous battez à conforter chaque jour, n'aurait plus un sens si chacun ne cherche qu'à satisfaire ses désirs personnels.
Excellence Monsieur le Président de la République, voici cinq jours qu'il ne m'a pas été permis de boire de l'eau, de manger ou de communiquer avec ma famille. Pourtant, je ne suis pas accusé de crime contre l'Etat. Après avoir tout donné au Rdpc en décapitant l'opposition à Njombé Penja, le sort qui m'est aujourd'hui réservé, mérite que vous y accordiez votre très haute attention, afin que de ces geôles, je ne disparaisse pas définitivement.
Je n'ai jamais participé aux violences survenues sur l'ensemble du territoire du 25 février au 1er mars 2008. Au contraire, ma contribution était plus déterminante pour ramener la paix dans ma localité, les Cd-room en ma possession servant de preuves." La suite ICI

Ces passages sont extraits du courrier envoyé au Président de la République par l'ancien maire Paul Eric Kingue. Dans le dernier article ICI, vous pouviez lire que son arrestation était programmée, en raison de son attitude responsable lors des dernières émeutes. Désormais, à l'image du Colonel Edouard Etonde Ekoto, l'ancien maire se retouve en prison. Qu'a t-il fait pour mériter ce sort? Le pouvoir camerounais fera comprendre qu'il a porté atteinte à la sécurité de l'Etat. Paul Biya a bien parlé "des apprentis sorciers qui dans l’ombre ont manipulé ces jeunes ", sous entendu ceux qui voulaient le renverser. Cela démontre combien la paranoïa s'est emparée des commandes de l'Etat.
Comme le rapporte Noé Ndjebet Massoussi, journaliste du quotidien le Messager,dont il faut saluer le courage en ces temps de représailles féroces, "La reprise des activités n’est pas l’hirondelle qui annonce le printemps. Au contraire. Une véritable chasse aux sorcières a commencé au Cameroun". Et de relater justement les déboires de certains camerounais, notamment le cas du maire: "Moins d’une semaine après la sortie du président de la République, une opération de tri est engagée depuis le week-end dernier pour isoler “ les brebis galeuses ” du reste du troupeau. Paul Eric Kingue, maire élu de Penja et responsable local du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), a de gros soucis aujourd’hui. Par l’arrêté n° 00033/A/Minatd/Dctd du 29 février 2008, le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd), Marafa Hamidou Yaya, a suspendu ce magistrat municipal de ses fonctions pour une durée de 3 mois.
Autant dire que ce dernier, malgré sa lettre ouverte au chef de l'Etat, n'est pas sorti de prison. D'autant plus que le pouvoir camerounais, dans sa fuite en avant, agit sans discernement, terrorisant tous ceux qu'il considère comme insoumis à sa volonté, voire opposés à la modification de la constitution. A partir de ce postulat, tout est possible et le pire devient la norme.
Le Cameroun est définitivement tombé très, très bas, comme le vérifie depuis le 13 décembre dernier,l'ancien homme fort de Douala, Edouard Etonde Ekoto, lui qui a rendu tant rendu de services à sa patrie. Comme quoi, ce pays marche sur la tête.

L3E


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