mardi 18 mars 2008

AFFAIRE ETONDE EKOTO: JUSTICE EXPEDITIVE ET TERREUR POLICIERE



L'augmentation du pouvoir d'achat par le Président Paul Biya, comme début de réponse aux émeutes politico-sociales, est, c'est le moins qu'on puisse dire, un écran de fumée. Les Camerounais se laisseront-ils endormir par cette mansuétude subite de leur chef d'Etat, alors que des voix réclament l'envoi d'observateurs étrangers pour faire la lumière sur les répressions sanglantes et barbares commises par les forces de l'ordre? Rien n'est moins sûr.
La justice aux ordres poursuit sur sa lancée, celle des condamnations arbitraires et des procès expéditifs. Pendant que quelques fonctionnaires apprécient l'amélioration de leur pouvoir d'achat, certains de leurs compatriotes vivent un véritable calvaire, essayant vaille que vaille de tenir bon devant l'injustice réservée au leurs. Comme le rapporte le site Bonaberi.com, c'est le " calvaire des parents des détenus". et de poursuivre : "Devant les tribunaux, les familles essuient des fortunes diverses. Plusieurs ont cessé toute activité pour suivre le sort qui sera réservé aux leurs, arrêtés comme manifestants." On peut également lire des témoignages démontrant, s'il en était encore besoin, que le pouvoir camerounais ne s'embarrasse pas de considérations humanitaires dans sa chasse aux sorcières. "Je suis là tous les jours, hier (mardi ndlr) encore je suis partie d’ici à minuit lorsque le juge a décidé de poursuivre les audiences le lendemain et mon frère n’était toujours pas passé devant la barre ”, déclare Gisèle sœur aînée d’un prévenu. Pour une mère c’est plus dur. “ Chaque jour, je dois venir lui donner à manger en pleine audience. Je ne peux même pas lui adresser la parole. J’espère que ce supplice va prendre fin”, indique Maman Pauline. C'est bien tout ce qu'il faut espérer.
Et signe supplémentaire que le retour à la normale est précaire, l'on assiste à des opérations de patrouilles policières, d'intimidations diverses, et surtout, il ne fait pas bon de voyager entre Douala et Yaoundé. C'est ce que confirme les témoignages de voyageurs.
"Nous avons dû subir quatre contrôles avant d’arriver à Yaoundé. Dès qu’on arrive à tel endroit, il fallait sortir du bus pour un contrôle et ainsi de suite !" soutient Francis Laplage, outré. D’après cet homme, animateur dans une radio privée à Douala, des gendarmes et des militaires, postés sur la route Douala-Yaoundé, arrêtent "systématiquement" les voitures allant dans un sens comme dans l’autre, demandant aux passagers de descendre.
"Des gendarmes et des hommes habillés en noir nous font sortir du bus, personne par personne. Et ce n’est que lorsqu’on est contrôlé négatif qu’on peut passer le barrage ; c’est-à-dire lorsqu’on ne leur a rien trouvé de suspect", déclare ce jeune homme, étudiant à l’université de Douala. Une situation que ces passagers disent ne pas comprendre, ce d’autant plus "qu’ils [gendarmes et militaires] ne nous disent pas ce qui se passe", se sont plaint plusieurs passagers.
Entre les arrestations arbitraires, les sentences fantaisistes et scandaleuses, une opération "mains propres" qui envoie le Colonel Edouard Etonde Ekoto en prison, oubliant miraculeusement son ex-collègue parlementaire, Boot A Ngon, accusé également d'avoir détourné des fonds publics, les camerounais ont droit à un totalitarisme dans toute sa splendeur. Combien de temps encore cela va durer ?

L3E

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