lundi 3 mars 2008

AFFAIRE ETONDE EKOTO: BIYA A T-IL UTILISE SON JOKER ?



A quelque chose malheur est bon, a t-on coutume de dire. Au Cameroun, malgré la chape de plomb qui s'est abattue sur les médias dits libres, le pouvoir n'a pas pu empêcher la circulation de vidéos sur Internet. Résultat: Il a tombé le masque au cours des Quatre jours d'émeutes qui ont ébranlé sa confiance. A l'occasion du procès expéditif et de l'emprisonnement du Colonel Edouard Etonde Ekoto, nous n'avons eu cesse de dénoncer l'INACCEPTABLE condamnation politique qui se cachait derrière le verdict du 13 décembre dernier.
A la lumière de ce qui se passe au Cameroun, c'est à dire des exactions massives, une chasse aux sorcières, le feu vert donné aux forces de l'ordres pour étouffer tout ce qui peut gêner aux entournures un pouvoir aux abois, il ne fait plus de doute que le régime camerounais a définitivement montré son vrai visage.
Un calme précaire étant revenu, par la force des armes et de l'arbitraire, il revient désormais à la justice de rendre grâce au Prince. Et pour ça, il ne manque pas de chefs d'accusation pour justifier les atteintes aux Droits de l'Homme. Comme dans l'affaire du PAD, la justice démontre qu'elle est bien sous le joug du garant des institutions républicaines. Nous l'affirmions, c'est ce que rappelle encore le site Bonaberi.com, en revenant sur le caractère expéditif et aléatoire des sanctions,au point de reposer la question sur la partialité de la justice " Que dire de notre justice ? On a pu voir, que ce corps d’État, était complètement inféodé au concept nombriliste que se fait Paul Biya du Cameroun. En effet, une dizaine de jeunes ont été condamné, en comparution visiblement immédiate, à 15 ans d’emprisonnement ferme..." Et de relater le carnage du 27 février, celui dont la communauté internationale ne parle pas. Il s'agit de la souricière tendue par les forces de l'ordre aux jeunes manifestants sur le pont du Wouri :"Il n’y aurait rien de rédhibitoire, si ces forces de l’ordre n’avaient ouvert le feu sur la foule prise en sandwich, appuyés par des hélicoptères qui n’ont pas hésité à balancer des bombes lacrymogènes sur une foule dépitée, ne laissant d’autre choix, aux plus téméraires, que celui de se jeter dans les eaux tumultueuses du Wouri. Ni Cameroon Tribune et ses immenses moyens, ni la CRTV n’ont couvert ces évènements, pourtant d’une si grande gravité. Fort heureusement, tous les médias au Cameroun ne sont pas partiaux et l’information parvient à filtrer peu à peu.
Pour terminer, le site relate le sort réservé à cette figure du mouvement estudiantin, Jacques Tiwa, connu sous le pseudonyme de NKrumah, ancien dirigeant du " parlement estudiantin" et membre fondateur du Conseil National pour la Résistance, "qui a été lâchement abattu par des mitraillettes. Que lui reprochait-on ? Fomentait-il un coup d’État contre le Président ? Avec quels moyens ? Alimentait-il d'une quelconque manière une rébellion ? Quand bien même, sommes-nous de ces États où les opposants au pouvoir n’ont pas droit à des procès pour faire éclater la justice sur les faits qu’on leur reprocherait ? Au lieu de cela, dans notre pseudo-démocratie, on en est encore à abattre les fils du pays, jusque dans leur propre maison comme du vulgaire bétail".
Aujourd'hui, au delà du spectacle de désolation offert par les villes théâtres d'affrontements entre les révoltés et les forces de l'ordre, il y a des leçons qu'il faut retenir de ces quatres jours d'émeutes sociales et politiques, n'en déplaise au pouvoir camerounais.
D'abord, la justice est le véritable fer de lance de l'oppression politique, ce qui explique les termes pompeux utilisés, à savoir
" Coaction d’activités dangereuses, destruction de bien publics, destruction de bien d’autrui, barricades et vagabondages, défaut de pièces d’identité…",pour noyer ceux qui se sont soulevés contre l'imbuvable autocratie.
Ensuite, c'est la fuite en avant dans une logique de terreur, comme en témoignent les exemples de cet élu Paul Eric Kingué, membre du RDPC et maire de Penja, qui n’a cessé de témoigner sur les exactions de l’armée dans sa localité, qui devrait bientôt se retrouver en prison pour,parions le, "atteinte à la sécurité de l'Etat", ainsi que la disparition de l'opposant Mboua Massock. Qu'est-il devenu ? A t-il été victime d'une balle tirée par un policier qui n'a pas su maîtriser ses nerfs ?
Enfin, et c'est un autre signe positif sur le délitement du pouvoir camerounais, les troubles ont mis en exergue le niveau de désorganisation de l'Etat, qui incapable de calmer par le dialogue le mécontentement grandissant des populations, s'est lancé dans une répression inouïe
des centaines de jeunes dont des adolescents, des étudiants, des élèves, des chômeurs. Conséquence: la communauté internationale serait en passe de lâcher officiellement le président Paul Biya. De nombreux diplomates ont même fait état de leur mécontentement sur la violence aveugle utilisée par le gouvernement pour gérer cette crise sociale et politique. certains diplomates pensent, sous couvert, d'anonymat, que "Paul Biya a grillé son joker, en prenant la parole sans donner des pistes de solution à un malaise social et politique pourtant réel ". D'ici là à penser à une alternative démocratique, tout ce qui donne des cauchemars à l'oligarchie au pouvoir, il n'y a qu'un pas qui sera probablement franchi. Quand ? Le plus tôt serait le mieux pour tout le monde ,le peuple camerounais, donc aussi le Colonel Edouard Etonde Ekoto, condamné très certainement parce qu'il n'envisageait pas que le Cameroun devienne la propriété privée d'une poignée de personnes.

L3E





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